• Vous avez dit Rhônalpie ?

    Un tel concept serait-il forcément complètement absurde ?

    Si l'on en exclut la Savoie, qui a bien raison depuis un demi-siècle d'être vent debout contre sa "seconde annexion" qu'est sa dissolution dans la région Rhône-Alpes (aujourd'hui l'encore plus aberrante "Auvergne Rhône-Alpes") ; peut-être pas tant que cela... Pour désigner, globalement, l'Arpitanie (aire linguistique et culturelle "francoprovençale") "française" non-savoyarde et non-comtoise ; et peut-être une certaine frange de territoires "transitionnels" avec l'aire d'òc, qui s'en sentiraient plus proches que de la Provence ou du Languedoc.

    Rhône-Alpes est certes née comme découpage administratif technocratique, basé sur la zone d'attraction économique de Lyon ; mais elle n'en a pas moins plus d'unité culturelle et historique qu'on ne pourrait le croire de prime abord... Culturelle avec les parlers arpitans/"francoprovençaux" (ou occitanisants transitionnels) ; et historique, autour du Dauphiné et sa Maison d'Albon.

    Disons que le Dauphiné historique est réellement au cœur de l'identité historique de cette "Rhônalpie" ; dans la mesure où ses dauphins (Maison_d'Albon), originaires d'Ardèche (Vion, au nord de Tournon), étendaient leur "réseau" ("placement" de dynasties apparentées) jusqu'en Forez, en Beaujolais-Dombes et même en Auvergne, en sus des terres occitanes des Hautes-Alpes et même des Baronnies drômoises (mais attention : le reste de la Drôme - Valence, Montélimar, Die etc. - sera rattaché à la province par la France, après l'annexion) ; bref sur toute ladite région à l'exception de Lyon et son arrière-pays (Lyonnais), fermement aux mains de ses archevêques ; bien que la Savoie leur en disputât longtemps de bons bouts, notamment en Velin = Est lyonnais (mais inversement aussi : le Dauphiné possédera ainsi un temps le Faucigny...). 

    Une unité et même, on le voit, un certain degré de lien avec l'Auvergne, dont le relais sera encore pris aux 15e et 16e siècles par le grand État auvergnat des ducs de Bourbon (Bourbonnais = Allier), qui possédait également le Forez, le Beaujolais et la Dombes.

    Alors, il serait peut-être possible de parler de "Grand Dauphiné" ou d'"Empire d'Albon" (lol), mais bon... En étant (un peu) sérieux deux minutes, "Rhônalpie" pourrait bien faire l'affaire.

    Le terme d'"Harpitanie", devenu par la suite "Arpitanie" sans le H, a bien été inventé dans les années 1970 par le valdôtain Josef Henriet ; il était inexistant auparavant. Serait-on alors à un néologisme près ? 

    En 50 années d'existence, encore une fois en dehors de la Savoie qui les vit comme une négation de plus (et de trop), les termes de "Rhône-Alpes" et "rhonalpin" ont tout de même fini par prendre place dans les esprits, comme "trait d'union" entre les divers petits pays locaux dont certains peuvent d'ailleurs être "tiraillés" entre plusieurs identités (comme par exemple entre l'attraction de Lyon et l'identité dauphinoise pour les environs de Vienne).

    Il y a le Rhône, qui court à travers son territoire depuis sa sortie de Genève, le "coude" du Bugey, jusqu'à sa confluence avec l'Isère début indiscutable des terres occitanes, et duquel sont tributaires tous les principaux cours d'eau (Ain, Saône, Azergues, Gier, Ozon, Dolon, Galaure etc.) à l'exception de la Loire forézienne ; et il y a les Alpes (dauphinoises : Vercors, Chartreuse, Belledonne etc.), avec leurs "Préalpes" de collines qui vont se "jeter" dans le grand fleuve autour de Vienne et de Saint-Vallier, et que l'on contemple par ailleurs depuis Fourvière, les Monts du Lyonnais, le Pilat et même certains sommets du Forez ; comme les deux grands "structurants" géographiques du territoire...

    Le terme de "Rhônalpie" pourrait donc très bien faire sens pour désigner cette aire arpitane/"francoprovençale", hors Savoie et Franche-Comté, que nous voudrions comme entité démocratique d'une France nouvelle fédérative et populaire ou pourquoi pas... d'une Europe "des régions et des peuples solidaires" !


    BREF, en résumé :

    - L’État "harpitan" prôné par des militants valdôtains dans les années 1970, consistait en la Vallée d'Aoste, la Savoie et la Suisse romande ; concept que l'on peut retrouver aujourd'hui dans les diverses idées de "confédération" ou d'"euro-région" autour du Mont Blanc.

    - Mais entre temps, L'ARPITANIE sans "h" est venue désigner l'ensemble de l'aire culturelle et linguistique appelée auparavant "francoprovençale" (Savoie et Vallée d'Aoste, Suisse romande mais aussi Rhône, Ain, les 3/4 de l'Isère, l'essentiel de la Loire, le nord de la Drôme et une petite partie tout au nord de l'Ardèche, le Mâconnais et une partie de la Bresse bourguignonne, et la moitié sud de la Franche-Comté).

    - Pour autant, il ne faut pas être non plus dans une logique "ethniste" purement basée sur la langue, et niant les autres dimensions du sentiment populaire d'appartenance à un pays ; ainsi en Savoie par exemple, si une partie du mouvement savoisien (aux côtés de Suisses romands) a grandement contribué à populariser le concept d'"Arpitanie" sans "h", d'autres y sont assez hostiles et y voient encore une dissolution de leur identité dans quelque chose de "plus grand", une sorte (quelque part) d'équivalent linguistique-régionaliste de la région Rhône-Alpes (quant aux "ethnistes" proprement dits du Parti de la Nation Occitane - PNO, ils ne reconnaissent de toute façon pas quelque Arpitanie ni Savoie que ce soit : pour eux, la langue étant gallo-romane, c'est la "Nation française" dont il est hors de question de "détruire l'unité"...). Il semble pareillement assez inconcevable de diviser la Franche-Comté, solidement assise dans ses frontières depuis plus de 1000 ans ("Comté de Bourgogne"), au nom d'une "frontière" linguistique arpitane-oïl qui au demeurant n'existait pas à l'origine (et encore aujourd'hui, le comtois d'oïl est marqué par cette "francoprovençalité" originelle).

    - DU COUP, le concept d'Arpitanie peut (et doit) à notre avis être conservé pour désigner l'ensemble de l'aire linguistique-culturelle "francoprovençale", mais il faut penser cette Arpitanie comme plurielle avec différentes composantes : la Savoie et la Vallée d'Aoste + vallées arpitanes piémontaises jusqu'à Suse, éventuellement regroupables dans des "Pays" ou "Terres du Mont Blanc" ; la Suisse romande (qui jusqu'à nouvel ordre ne se plaint pas d'appartenir à la Confédération helvétique et ne s'y sent pas reléguée, quoi qu'on y observe un taux de pauvreté et de bénéficiaires de l'aide sociale assez nettement supérieur à celui de la Suisse alémanique) ; une partie de la Franche-Comté (autrefois la totalité, mais il y a eu recul au nord devant l'influence d'oïl), elle aussi annexée militairement, dans des conditions d'ailleurs atroces, au 17e siècle et qui a totalement droit à sa souveraineté ou du moins une autonomie radicale ; et enfin, donc... un "reste" tout sauf négligeable, puisqu'on y trouve ni plus ni moins que les plus grandes villes (Grand Lyon, métropole grenobloise, bassin de Saint-Étienne), et que nous proposons donc d'appeler "Rhônalpie" pour l'ensemble de raisons ci-dessus énumérées.

    Vous avez dit Rhonalpie ?

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