• La Suisse (Confédération helvétique) est un pays capitaliste qu'il ne faut certes pas idéaliser outre mesure ; mais il faut tout de même lui reconnaître ce fait essentiel, d'être formée de pays-bassins de vie (cantons) démocratiques et souverains qui ont au cours des siècles, peut-être grâce à leur "forteresse naturelle" alpine, victorieusement résisté à toutes les tentatives d'annexion des grands États voisins, et ainsi, à la triste destinée de territoires dont toutes les décisions régissant la vie quotidienne sont prises par les technocrates d'une capitale à des centaines de kilomètres...

    "Le 13 novembre 1810, les députés valaisans chargés de négocier avec l’Empire français sont réunis chez le ministre français Champigny. Celui-ci leur signifie l’annexion pure et simple du Valais et le rattachement du Vieux Pays à l’Empire napoléonien. C’en est fini de la République du Valais et de l’indépendance séculaire des Valaisans ! C’est la consternation parmi la délégation valaisanne qui en reste… muette de stupeur ! 

    Par décret impérial du 12 novembre, le Valais est en effet transformé en un simple département français, sous le nom de « Département du Simplon ». Nom révélateur qui montre bien qu’elle était la finalité de cette annexion aux yeux de Napoléon : s’approprier et contrôler le passage stratégique du Col du Simplon qui facilitait les mouvements de troupes entre la France et les plaines de l’Italie, face à l’Empire austro-hongrois. 

    Histoire d'une annexion (heureusement) mise en échec, celle du canton du Valais par Napoléon
    Le village de Simplon, vers 1800

    Très vite, les demandes tatillonnes du préfet Rambuteau et les tracasseries des nouvelles autorités françaises déplaisent fortement aux Valaisans, y compris à leurs autorités communales qui font la sourde oreille, jouent la montre et lanternent à répondre dans les délais et avec précision aux questions posées par l’administration ! Ou prétextent avoir égarés les papiers, ne pas avoir reçu les formulaires ou ne pas savoir lire.

    La résistance à l’occupant français s’organise à la valaisanne, de façon obstinée, un peu à la manière corse. Les nouveaux maires nommés, tous valaisans de souche, se font malicieusement les complices de la population et se complaisent à trainer les pieds et à  ne pas répondre aux courriers de l’administration centrale, comme le souligne Christian Massy d’Anniviers, qui écrit à propos de la nouvelle loi sur l’impôt successoral : « Heureusement pour nous, par un effet de la Providence de Dieu, nous avons un maire qui, bien loin d’exécuter la sévérité de cette loi comme tant d’autres, l’a modifiée et conservé l’intérêt général de sa mairie, jusque même à s’exposer à des amendes. Mais Dieu protège toujours ceux qui ont le cœur droit et qui marchent en sa présence avec sincérité, (si bien qu’) il fut préservé de tous dangers ». 

    Pour le préfet Rambuteau et l’administration française, c’est le début d’une « Enquête corse » version valaisanne ! Trois ans de chicaneries et de rebuffades de ces satanés Valaisans à la tête plus dure qu’un Breton indépendantiste et à la malice égale à celle d’un Corse de Corsica Nazione ! 

    Les Français se heurtent à un mutisme crasse, à une mauvaise foi évidente et à un farouche esprit de résistance des Valaisans, plus obtus qu’on mulet entêté, qui refusent obstinément de se plier aux nouvelles lois qu’ils trouvent insupportables, bien décidés à ne pas sacrifier leurs antiques libertés et à ne pas obtempérer à cette administration étrangère honnie, venue du dehors et qui n’est pas valaisanne ! Bref, les Français ont tout faux !

    Histoire d'une annexion (heureusement) mise en échec, celle du canton du Valais par Napoléon

    Mais ce qui inquiète et braque le plus les Valaisans, très pieux et catholiques, c’est la politique anticléricale menée par les Français à l’égard du clergé local. Le 13 janvier 1812, un nouveau décret impérial supprime les corporations religieuses et les ordres monastiques dans tout le nouveau Département du  Simplon. Les seules à rester tolérées sont « les maisons du Saint-Bernard et du Simplon (dont Napoléon a besoin pour loger ses officiers en cas de franchissement des cols par des troupes), les sœurs grises de la charité de Sion et les congrégations dans lesquelles on ne fait pas de vœux perpétuels et dont les individus sont uniquement consacrés par leur institution soit à soigner les malades, soit au service de l’instruction publique ». 

    Les Capucins installés depuis le 17e siècle à Saint-Maurice et à Sion sont expulsés et contraints par l’autorité d’occupation française à quitter le Valais, au grand dam de la population qui s’en étouffe d’offuscation. 

    À Monthey, le père capucin Cyprien Riondet, victime de l’arrêté impérial, écrit : « Leur sortie fut la cause d’un regret et d’une consternation publique et, à notre passage par les paroisses, les gens sortaient de leur maison, pleurant et se lamentant et nous donnant mille bénédictions ».  À Saint-Maurice, l’expulsion des Capucins est si mal acceptée par la population et les autorités locales que le conseil municipal de la ville décide de leur fournir des chars pour leur permettre de gagner Bulle plus facilement et sans trop de fatigue. À Monthey, les habitants sont si malheureux de leur départ que la population organise une grande collecte d’argent à leur intention. 

    À Collombey, la suppression du couvent de sœurs Bernardines ne soulève, en revanche, aucune protestation, « tant elles étaient nulles de toute nullité » écrit le chanoine Anne-Joseph de Rivaz. 

    Le 26 décembre, l’autorité d’occupation française va plus loin et décide par décret de réunir la vénérable abbaye royale de Saint-Maurice d’Agaune à la non moins vénérable Maison hospitalière du Grand-Saint-Bernard, de façon à fusionner les deux institutions religieuses en une seule entité, placée sous l’autorité du Prévôt du Grand-Saint-Bernard. Cette décision soulève la consternation à Saint-Maurice et dans tout le Valais, tant on s’étouffe d’offuscation devant ce manque de respect pour l’abbaye fondée en 515 par le prince burgonde Sigismund, fils du roi Gundobald !

    jj

    Bâtiments et clocher de la royale abbaye de Saint Maurice d'Agaune, fondée au 6e siècle par le prince burgonde Sigismond et dans laquelle furent sacrés tous les rois de Bourgogne. On connaît l'importance, au Moyen Âge, des abbayes comme lieux fondamentaux autour desquels se formaient des pays-bassins de vie et la conscience populaire d'appartenance à ceux-ci.

    Sous la République indépendante du Valais (1805-1810), Derville-Maléchard, agent au service de l’Empire français, avait tenté à plusieurs reprises, mais en vain, de faire supprimer plusieurs dizaines de fêtes religieuses chômées, qu’il jugeait préjudiciables au développement de l’économie. Les Valaisans s’en étaient étouffés de mépris, devant ce manque de respect pour la Sainte et vénérable religion ! Ce qui fait que Derville-Maléchard était reparti à chaque fois la queue entre les jambes, devant le refus obstinés des autorités valaisannes de supprimer des fêtes religieuses célébrées depuis la nuit des temps. 

    Dès l’annexion du Valais à l’Empire, il prend sa revanche et réussit à contraindre l’évêque Mgr Joseph-Xavier de Preux de supprimer de nombreuses fêtes catholiques. 

    Le chanoine Anne-Joseph de Rivaz, écrit à ce sujet : « En conséquence, Monseigneur de Preux ordonna aux curés de ne plus annoncer des fêtes au prône, de ne plus chanter de messes, de ne plus carillonner et d’exhorter leurs peuples à se résigner à ce nouvel ordre des choses. Quelques curés de la plaine en vinrent facilement à bout ; les curés de la montagne se bornèrent à une basse messe, mais leurs peuples n’en chômèrent pas moins ces fêtes et n’en fréquentèrent pas moins les églises (…). Il est vrai que l’évêque et le clergé n’étaient pas fachés que le peuple, malgré toutes ces réformes du culte publique, s’obstinât à chômer, et tandis qu’ostensiblement on en ordonnait la suppression, on autorisait en sous mains les curés à laisser les peuples contrarier les vues du gouvernement. »

    L’« Affaire corse », ou plutôt « l’affaire valaisanne » continua ainsi à empoisonner durant trois ans les relations de l’autorité d’occupation française avec la population valaisanne, farouchement résolue à n’en faire qu’à sa tête et à ne pas obtempérer aux ordres du préfet français Rambuteau. Les Valaisans font la sourde oreille aux arrêtés d’une administration non valaisanne, venue du dehors et d’au-delà de la Grande Gouille qu’on appelle lémanique, et à ne pas tenir compte des décrets impériaux pondus par Sa Majesté l’Empereur Lampe-au-Néon Pelle-à-Tarte ! 

    À la fin décembre 1813, lorsque les autorités et les troupes d’occupation françaises s’enfuient précipitamment avec Rambuteau à travers les hautes neiges des cols de La Forclaz et de Balme, la population valaisanne laissa éclater bruyamment sa joie de retrouver enfin sa chère liberté et son indépendance de pouvoir à nouveau se gouverner par elle-même, comme l’écrit Christian Massy, contemporain des évènements :

    « Nous devrions de jour et de nuit témoigner à Dieu nos justes remerciements de la faveur signalée avec laquelle Il nous a délivré de l’esclavage dans lequel les Français nous ont pour ainsi dire enchaînés depuis le mois de novembre 1810 jusqu’au mois de décembre 1813 ». 

    C’en est fini du Département du Simplon et de l’oppression française ! Depuis lors, il ne fait pas  bon être français en Valais… 

    Avec le temps, l’hostilité et le ressentiment se sont estompés mais il en reste encore bien des traces, même si désormais les Valaisans ne leur écrasent plus forcément le crâne à coups de masse sur l’enclume, comme ce fut le cas à Varone (Varen) en 1799 !"

    jj
    Les députés du Valais en 1815, sous le nouveau drapeau cantonal à 13 étoiles.


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  • Cogne (Cougn en arpitan valdôtain) est un village situé au sud de la Vallée d'Aoste, au pied du massif du Grand Paradis.

    Par la force des choses, la nature même de leur environnement et de leur vie économique, les Peuples montagnards alpins, de l'arp, ont pour ainsi dire de tout temps baigné dans une culture de communauté démocratique et solidaire, "républicaine", "instinctivement" hostile au joug d'une lointaine capitale et a fortiori aux entreprises politiques fascistes et aux envahisseurs venus massacrer et piller.

    Une culture populaire traduite politiquement, notamment, dans la Déclaration de Chivasso de 1943 ; qui en dépit du contexte "un peu particulier" dans lequel elle fut rédigée n'en reste pas moins une source d'inspiration essentielle pour notre projet politique.

    Le 2 novembre 1944, les partisans valdôtains de la vallée de Cogne en offrirent à l'occupant nazi et ses auxiliaires mussoliniens une cinglante démonstration :

    "Les nazis-fascistes qui se dirigeaient vers Cogne pour le vider de ses habitants, le 2 novembre 1944, étaient un bon millier et bien armés. Ils étaient par ailleurs favorisés par un épais brouillard, et les premières chutes de neige.

    Du fait de ce déséquilibre évident en moyens et en hommes, la troupe réussit à remonter la vallée sans encombre jusqu'à Vieyes tandis que les partisans choisirent de l'attendre retranchés au point le plus étroit de celle-ci, entouré de hauts bastions rocheux, au niveau du lieu-dit La Presa.

    C'est alors que le déserteur allemand (ayant rejoint les partisans) Herzberg, en bicyclette avec le tout jeune Mancini, s'en alla au pont de Chevril pour le faire sauter. Les restes de ce pont sont restés visibles, à côté du nouveau, jusqu'à leur écroulement total en décembre 2010.

    Grâce à cette action, les nazis-fascistes furent contraints d'abandonner leur armement lourd. C'est alors que, peu après, le brouillard se leva soudainement comme un rideau ; offrant aux partisans retranchés sur les éperons rocheux une vision dégagée et optimale sur la colonne qui avançaient le long des gorges. Ils ouvrirent alors le feu à volonté, sans interruption depuis les environs de 14h30 jusqu'au soir.

    Durant cette bataille, qui dira ainsi toute une après-midi, seul un jeune homme du groupe fut légèrement blessé ; tandis que les militaires battirent précipitamment en retraite, abandonnant derrière eux armes, sacs, vivres et équipements en tout genre, et quantité des leurs touchés.

    Malgré cette victoire, cependant, le commando partisan décida d'évacuer le secteur, ayant la certitude qu'un nouvel assaut ennemi serait fatal, étant restés à court de munitions...

    Une partie de la population de Cogne avait déjà quitté promptement le village le matin, informée de l'approche des nazis-fascistes, et dans la soirée se mit en mouvement pour une longue marche jusqu'à Val d'Isère (en Savoie, déjà libérée à cette date)."

    Ici une photographie du vieux pont dynamité :

    On rappellera également la mémoire, de ce côté-ci des Alpes, des héroïques maquis du Vercors ou encore des Glières ; tellement ancrée désormais dans l'identité populaire régionale, que même les petits fachos dauphinois (Bloc Identitaire) se sont à une époque sentis obligés de se parer du nom de "Maquisards" (sans doute histoire de présenter "l'immigratioooon" notamment "musulmaaaane" comme une "nouvelle invasion", et se fantasmer en "résistants" à celle-ci alors qu'à l'époque de la vraie Résistance 1°/ ils auraient probablement été dans la Milice de Darnand, 2°/ ils n'auraient pas tenu 15 jours...).


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  • La Marseillaise du Panassat (1870)


    Dans le domaine francoprovençal, Saint-Étienne (département de la Loire, région historique du Forez) est la grande ville où la pratique vivante du «patois» (dont on trouve encore quelques locuteurs dans des communes rurales de la région) s’est maintenue le plus longtemps. L’emploi du francoprovençal, dans cette cité marquée par sa vocation industrielle, est donc moins lié à la vie agricole qu’au milieu ouvrier. Parmi les «poètes ouvriers» qui se sont illustrés tant en français qu’en dialecte, l’un des plus illustres est Jacques Vacher (1842-1898). Auteur de chansons et de poésies, cet ouvrier ébéniste s’est attaché à décrire la vie quotidienne et festive des Stéphanois, mais il a aussi produit des textes révolutionnaires (célébrant les barricades de 1834) ou anti-bonapartistes (lors du plébiscite de 1869). Le dialecte était alors une façon de se démarquer de la bourgeoisie «blanche» (royaliste), et si Vacher n’a pas épousé la cause des Communards en 1871, il a écrit par la suite de virulents pamphlets anticléricaux.

    Parfois appelé le «Mistral stéphanois» pour avoir offert une dignité à son dialecte natal, en lui donnant une visibilité – sinon une forme fixe – à une époque où la pratique décroissait déjà rapidement, Vacher reste une figure emblématique de la culture forézienne. Dans cette «Marseillaise du Panassat» (du nom d’un quartier ouvrier de Saint-Étienne), l’auteur républicain célèbre la chute du régime de Napoléon III après la défaite de Sedan, mais il en appelle aussi à la lutte contre l’envahisseur prussien, tout en espérant un avenir radieux.

    Une chanson révolutionnaire de 1870 en parler de Saint-Étienne

    [On remarquera combien, transcrit phonétiquement, le parler historique stéphanois peut avoir des consonances occitanisantes... (voir à ce sujet : http://ekladata.com/Forez.pdf)]

    D'ailleurs... il semblerait que la Réaction, les moussues ("messieurs") effrayés (bientôt tout l'Hexagone, mais en dehors de Paris particulièrement l'Occitanie et l'Arpitanie, verraient se lever les Communes), tentaient eux aussi de s'adresser à la "populace" dans sa langue de tous les jours (tract en faveur d'un de ces candidats, le baron Vital de Rochetaillée, pour les élections de 1869) :

    Une chanson révolutionnaire de 1870 en parler de Saint-Étienne


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  • (Texte des Jeunes Communistes de la Loire)

    "IL Y A 150 ANS : LE MASSACRE DU BRÛLÉ

    Juin 1869 : les mineurs de la Loire fournissent un quart de la production française de charbon. Ceux-ci déclenchent une grève générale à Firminy le 11 juin, réclamant l'augmentation des salaires, la réduction du temps de travail, la centralisation des caisses de secours et leur contrôle total par les ouvriers. La grève est suivie par 20 000 mineurs de tout le bassin minier stéphanois ainsi qu'une partie du Gier.

    Les affrontements sont violents sur Saint-Étienne, Terrenoire, Saint-Chamond. Ils se poursuivent jusqu'au puits Devillaine à la Ricamarie, où le 16 juin les mineurs tentent d'empêcher le chargement d'un stock de charbon. Les choses s'enveniment car celui-ci est destiné aux aciéries Holtzer, propriété du député Dorian. Les mineurs l'avaient largement soutenu lors de sa campagne électorale et sont frappés de plein fouet par sa trahison. 33 grévistes sont arrêtés par l'armée pour être conduits à Saint-Étienne, à la prison de Bizillon. Ils prennent un chemin détourné, encaissé, près du hameau du Brûlé, où d'autres grévistes et la population s'opposent aux soldats et réclament la libération des mineurs. Plaintes, cris, insultes, jets de pierre. Sans sommation préalable, les soldats tirent et poursuivent la foule, faisant de nombreux blessés et 14 morts, dont un bébé de 16 mois.

    La fusillade du Brûlé fut l'un des massacres répressifs les plus retentissants de l'histoire ouvrière française. Aujourd'hui, les Jeunes Communistes de la Loire rendent hommage aux mineurs en grève pour leurs droits et aux victimes de la barbarie qui a frappé La Ricamarie en ce maudit jour de juin 1869. 

    Nous commémorons donc cet événement majeur pour le mouvement ouvrier français. Un événement baigné dans le sang, comme toujours ; teignant à jamais, un peu plus, notre drapeau.

    Ainsi, il y a 150 ans, les géants de la mine firent taire les voix chargées de colère et d'espoir. 

    Hier comme aujourd'hui, seul l'acier finit par répondre aux travailleurs, ces derniers, les nôtres, saignent, saignent, saignent encore sur notre drapeau désormais si rouge.

    Rouge pour le sang versé, rouge pour le sang qui coule encore dans les veines, un rouge d'espoir."

    150 ans plus tard ce même sang rougit nos joues et fait flotter notre drapeau. Car il est encore versé et le sera jusqu'au temps où le seul rouge sera celui des cerises."

    http://noms.rues.st.etienne.free.fr/rues/brule.html

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Fusillade_du_Brûlé

    Voir aussi : http://caralp-peuplesenlutte.eklablog.com/une-chanson-revolutionnaire-de-1870-en-parler-de-saint-etienne

    Il y a 150 ans, un massacre colonial de prolétaires arpitans et nord-occitans


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  • Les origines

    Lorsque l'Empire romain achève son long processus de décomposition, au 5e siècle, l'autorité politique tend à se recentrer sur de grands "bassins" de vie économique.

    C'est ainsi, dans cette logique, que dans tout un grand "bassin versant" des grandes métropoles romaines (et désormais chrétiennes) de Lyon, Vienne et (plus secondairement) Genève, autour du Rhône et de la Saône, s'établit le royaume du peuple germanique des Burgondes, auquel succèderont ensuite d'autres entités similaires jusqu'en l'An Mil.

    Pareillement, dans le Bassin aquitain autour de Toulouse, Agen, Bordeaux s'établit le royaume des Wisigoths qui sera conquis par Clovis au début du 6e siècle, mais auquel succèdera là aussi toute une suite de duchés, ou parfois même royaumes d'Aquitaine. L'Auvergne "centrale" (vallée de l'Allier, avec Clermont) tend à être "partagée" entre ces deux centres d'influence (mais dépendra de manière générale plutôt de l'Aquitaine).

    Le pourtour méditerranéen (Provence et Languedoc), ancienne Provincia "coeur" de la civilisation romaine en Gaule, et de ce qu'il en reste encore, est disputé et régulièrement partagé entre ces entités, ainsi que les maîtres de l'Italie et de l'Espagne (qui à partir du 8e siècle seront les califes de Cordoue) ; s'érigeant aussi (surtout la Provence) assez souvent en entité autonome.

    Tous ces "bassins" sont, dès cette époque, les creusets d'une vie sociale et économique dans laquelle se forgeront nos langues (d'òc et arpitane) et nos cultures.

    Contrairement au "roman national" français, hier fleur-de-lysé et aujourd'hui bleu-blanc-rouge, d'une "nation" française née avec le baptême de Clovis, toutes ces terres, entre partages mérovingiens des royaumes entre héritiers et prise de contrôle par des "grands" locaux, ne dépendent pour ainsi dire presque jamais d'un quelconque pouvoir politique siégeant au Nord (d'ailleurs rarement à Paris, à l'époque : plutôt à Reims, Orléans ou Soissons, ou alors... du côté de Liège, dans l'actuelle Belgique !). Si "le Nord" y vient, comme avec Clovis ou (surtout) deux siècles plus tard Charles Martel, c'est le plus souvent en envahisseur semant la terreur et la désolation, tentant d'obtenir ainsi la soumission des autorités et populations locales, mais en réalité sans grand résultat sur le long terme (au-delà d'une génération).

    Il n'en va pas plus différemment de l'immense Empire européen de Charlemagne, qui doit déjà confier à de puissants aristocrates (souvent locaux) l'administration des provinces (comtés, duchés, "marches") éloignées de sa capitale, située à Aix-la-Chapelle actuellement en Allemagne (près des frontières belge et néerlandaise), et se désagrège dès la génération de ses petits-fils.

    Dès la fin du 9e siècle, les titres d'"administrateurs" locaux sur les différents territoires (comtes, ducs, marquis) deviennent héréditaires et ne dépendent donc plus d'une nomination par un quelconque roi ou empereur. Au 10e siècle, au sud de la Loire, les "grands" ne reconnaissent plus le "roi des Francs occidentaux" ni ne participent au système d'élection qui s'est mis en place pour le désigner... tandis que de toute manière ce qui deviendra Rhône-Alpes, ainsi que la Provence et la Franche-Comté, ne relèvent de toute façon pas de ce théorique royaume : c'est un royaume indépendant, le Royaume d'Arles.

    http://indigenes-republique.fr/les-beaufs-et-les-barbares-sortir-du-dilemme/Histoire régionale

    En d'autres termes, ce que l'on appelle aujourd'hui Occitanie et Arpitanie était à cette époque, politiquement, totalement indépendant.

    Il ne s'agissait certes pas d'États modernes, tels que ceux que nous connaissons aujourd'hui. Certainement pas tels que l'État français... étant donné, dans les multiples fiefs sans même parler des alleux (territoires et populations qui ne dépendaient d'aucun seigneur, ou ne versaient qu'un tribut annuel symbolique), le degré de décentralisation qui y régnait !

    Il s'agissait de "pyramides" de pouvoir aux multiples échelons ; "pyramides" qui, de la "république" villageoise ou urbaine, de bourg, au seigneur local et au suzerain de celui-ci et au suzerain du suzerain, s'"arrêtaient" à un moment donné quelque part... et ce quelque part, en Occitanie et Arpitanie, n'était pas le roi capétien des Francs dans un des ses châteaux entre Orléans et Senlis (la relative fixation du palais royal à Paris s'effectue dans le courant du 12e siècle).

    La construction de ce que nous connaissons aujourd'hui comme la France, par conquêtes militaires à partir de la région parisienne (suivies de traités et, souvent, de mariages forcés !), débute sérieusement sous le règne de Philippe II Capet (1180-1223) qui revêtira le titre impérial romain d'"Auguste", et commencera dans les actes officiels alors encore en latin à s'intituler Rex Franciae, roi de France, et non plus Francorum, "des Francs", "premier" (théorique) des aristocrates issus de ce peuple germanique établi en actuelle Belgique au 5e siècle.

    Un œil à la carte de notre région, et ses alentours à la veille de ce règne s'impose donc :

    Histoire régionale

    Le Royaume d'Arles ou de Bourgogne, dont le roi est désormais (théoriquement) le lointain Empereur germanique, et dont on voit encore la frontière en rouge continu, s'est de fait désagrégé (autre carte) :

    Histoire régionale

    Le comté palatin de Bourgogne correspond déjà à ce qu'on appellera plus tard la Franche-Comté (le duché de Bourgogne autour de Dijon et Beaune, capétien quant à lui et à ne pas confondre, prépare tout doucement ce qui sera l'apogée de sa puissance aux 14e et 15e siècles).

    Lyon, la grande métropole chrétienne des Gaules, règne avec son archevêque sur son arrière-pays lyonnais, entre la Saône et les Monts. À cette époque où l'institution religieuse est (au moins) aussi importante que les fiefs aristocratiques, cette position et ses puissantes abbayes (Île Barbe, Ainay) avec leur réseau de prieurés à des centaines de kilomètres à la ronde la font demeurer le "hub" économique de ce qui deviendra l'Arpitanie, l'aire culturelle et linguistique "francoprovençale".

    Le comté d'Albon (vers Chanas, Saint Rambert, Roussillon, avec le secteur d'Annonay en Ardèche) est devenu "Dauphiné du Viennois" et s'étend à travers l'Isère jusqu'aux Hautes-Alpes, Briançon et même Suse (aujourd'hui en Italie). Le comté (pas encore duché, avant 1416) de Savoie tisse sa toile à partir de sa combe de Chambéry et de la Maurienne, vers le Bassin lémanique et... jusqu'aux abords immédiats de Lyon. Le nom de Savoie (Sapaudia) désigne à l'origine, plus ou moins, l'ensemble des territoires compris entre Rhône, Isère et Alpes (tribu gauloise des Allobroges) : que ses comtes, à l'origine comtes de Maurienne, se parent de ce titre à partir de vers l'an 1000 montre quelles sont leurs aspirations territoriales...

    Le Forez est aux mains d'une dynastie apparentée aux Albon du Dauphiné, famille qui décidément compte dans la région (qu'elle se dispute, essentiellement, avec l'archevêque lyonnais et les Savoie). Raison pour laquelle ses armoiries sont également un dauphin. Même la seigneurie de Beaujeu (... le Beaujolais) finira, plus tardivement (13e siècle), par tomber dans son escarcelle.

    Au Sud et à l'Ouest, on voit clairement les trois grands États occitans de l'époque :

    - le duché d'Aquitaine de la fameuse Aliénor (mariée au Plantagenêt d'Angers devenu entre temps duc de Normandie et roi d'Angleterre : un beau petit "empire" contre lequel Philippe "Auguste" aura fort à faire !) ; couvrant le Limousin et l'Auvergne où Clermont est également un centre politique et religieux important, qui rayonne sur tout le Massif Central et les terres au sud de la Loire (c'est notamment là que se tient en 1095 le concile décidant de lancer les Croisades) ;

    - le comté de Toulouse et ses multiples possessions qui vont jusqu'à l'Ardèche et la Drôme (marquisat de Provence conjointement au Vaucluse) ;

    - et enfin la Provence (le petit comté "tampon" de Forcalquier disparaîtra peu après), qui dépend depuis une alliance matrimoniale à la fin du 11e siècle... de la Catalogne (et de l'Aragon) – de fait, tout l'ensemble Provence-Languedoc est alors l'objet d'un grand partage (de guerres en traités) entre ces deux maisons issues de la même "Grande Provence" indivise de Boson d'Arles (fin du 10e siècle).

    Une lutte pour la prééminence sur ce qui aurait pu devenir un État occitan (ou catalan-aragonais-occitan) ; un peu comme (finalement) celle entre Albon et Savoie pour l'aire arpitane... Ou entre le Capet et ses théoriques (et souvent plus puissants) "vassaux" en France, c'est à dire au nord de la Loire.

    Mais qui, dans les deux premiers cas contrairement au dernier, n'aura pas le temps d'aboutir à une telle unification politique... Les campagnes victorieuses des Capétiens finissant par déborder le cadre du Bassin parisien, et venir y mettre un terme en s'emparant de tous ces territoires qui jusque-là (pour ceux qui ne relevaient pas tout simplement du Saint-Empire) échappaient depuis des siècles à leur autorité et ne se donnaient même plus la peine de leur prêter un hommage de pure forme.

    C'est ce que nous allons voir maintenant.

    Le rattachement à la France

    Globalement : l'Auvergne fait très tôt partie des "grandes conquêtes" de Philippe II Auguste au début du 13e siècle ; tandis que la bourgeoisie lyonnaise en (vieux) conflit avec l'archevêque fait "dédition" au roi parisien en 1312 ; le Velay (Haute-Loire) et le Vivarais (Ardèche) sont définitivement soumis à l'autorité capétienne vers la même époque, dans le prolongement de la terrible conquête du Languedoc (Croisade des Albigeois) au siècle précédent ; et le Dauphiné est acheté à son souverain (le dauphin) ruiné en 1349, devenant alors le fief attitré de l'héritier du trône de France, qui portera désormais ce titre entré depuis dans le langage courant ("dauphin" = successeur plus ou moins désigné de quelqu'un).

    Les terres du Massif Central deviennent cependant des "fiefs mouvants" de la Couronne (que le roi confie à qui il veut), et de cette manière, échéant au début du 15e siècle à la dynastie locale de Bourbon (Bourbonnais = Allier), tout un ensemble englobant l'Auvergne, une partie du Limousin (la Marche), le Forez (Loire), le Beaujolais et la principauté de Dombes restera très autonome jusqu'en 1531, date de sa confiscation (pour trahison du dernier duc envers François Ier) et réunion totale et définitive au domaine royal ; la Dombes (Trévoux) conservant néanmoins une certaine autonomie jusqu'au 18e siècle.

    Histoire régionale

    Fin du 15e siècle. Ce qui est en bleu ciel appartient directement au roi parisien, avec des gouverneurs ; mais garde néanmoins des institutions propres, et reste souvent loin d'être pacifié... Ce qui est dans une autre couleur appartient à des "grands", des princes féodaux, apparentés à lui ou pas : Bourbon ("Empire bourbonnais") en bleu-vert, de l'Auvergne-Bourbonnais jusqu'en Beaujolais et Dombes en passant par le Forez ; Bourgogne (en jaune et orange) ; Anjou du bon roi René en Provence (bleu foncé) ; Armagnac et Albret gascons en vert clair et kaki ; qui confèrent encore à ces terres une large autonomie voire semi-indépendance et se montrent parfois insoumis, voire en guerre ouverte avec Paris (Bourgogne, qui étend ses possessions jusqu'aux Pays-Bas, jusqu'en 1477). Ce qui n'est pas en couleur (duché de Savoie notamment) est tout simplement indépendant. Lyon, dont la bourgeoisie s'est placée volontairement sous l'autorité du roi de France au 14e siècle, est plutôt fidèle et calme ; mais, comme on peut le voir, "bien entourée" !

    Histoire régionale

    Cela nous fait donc des dates d'affermissement de l'autorité centrale parisienne qui rejoignent celles... de l'"Union" de la Bretagne (1532), voire de l'annexion de la Corse (1768) !

    Tandis que de leur côté le Vivarais et le Velay, rattachés au Languedoc, et le Dauphiné (qui incluait alors l'Est lyonnais jusqu'au pont de la Guillotière...) resteront jusqu'en 1789 ce qu'on appelait des "pays d’État", c'est à dire dotés de leurs institutions autonomes propres (États provinciaux des trois ordres réunis régulièrement pour voter les lois et le budget, Parlements devant valider les ordonnances royales venues de Paris) ; et sur le plan des traites (impôts royaux sur la circulation des marchandises, de fait, droits de douane intérieurs), "réputées étrangères"...

    Histoire régionale

    À l'Est de tout cela s'étendait aux 15e et 16e siècles un État puissant, le duché de Savoie ; de fait, la plus grande réunion de terres arpitanophones sous une même autorité politique depuis la désagrégation (aux 12e-13e siècles) du royaume de Bourgogne-Arles : outre la Savoie que nous connaissons aujourd'hui, la quasi totalité de la Suisse romande, le Val d'Aoste, et la quasi-totalité également (hors Dombes) de ce qui forme aujourd'hui le département de l'Ain (Pays de Gex, Bugey, Bresse), donc là aussi jusqu'aux portes de Lyon ; en plus des terres basses du Piémont et du Pays de Nice, "réduit" de résistance provençale à l'invasion de Louis d'Anjou (frère du roi de France), qui lui avait fait sa "dédition" en 1388.

    Histoire régionale

    Chambéry, à 100 km d'ici à peine, donc, en était la capitale avant que celle-ci ne soit transférée à Turin en 1536 ; et l'autoroute franchit aujourd'hui la frontière de ce qui était jusque pratiquement hier un pays indépendant, à tout juste 70 km de Mermoz-Pinel...

    Ce qui forme aujourd'hui l'Ain est conquis militairement en 1601 seulement, sous le règne d'Henri IV ; tandis que la Savoie proprement dite, comme chacun le sait, bien que régulièrement agressée et parfois occupée sous l'Ancien Régime et encore la Révolution et Napoléon, ne deviendra définitivement "française" qu'en 1860 (comme Nice), "prix" payé par le Piémont pour l'aide de Napoléon III à son entreprise d'unification de l'Italie sous son égide ; pure "vente" comme un vulgaire sac de patates, mais soi-disant "validée" par un plébiscite (référendum) local totalement truqué.

    Beaucoup de personnes en Savoie refusent encore de reconnaître la validité juridique de cette annexion, et revendiquent tantôt - a minima - une région propre détachée de Rhône-Alpes, éventuellement dotée d'un statut particulier comme la Corse, tantôt purement et simplement l'indépendance...

    La Révolution de 1789, fait relativement connu sans qu'il soit insisté outre mesure dessus, a débuté chez nous.

    C'est en effet une gigantesque insurrection populaire à Grenoble, la Journée des Tuiles, le 7 juin 1788, contre la volonté royale de supprimer le Parlement du Dauphiné, qui conduit dans la foulée au château voisin de Vizille une assemblée de notables locaux à demander la réunion des États généraux du royaume, ce qui sera fait l'année suivante... On connaît la suite.

    La Révolution n'est donc pas née parisienne ; pas plus, contrairement aux discours répandus à son sujet (que ce soit pour la célébrer ou la pourfendre), qu'elle n'est née viscéralement centralisatrice.

    Ce serait même plutôt le contraire. S'il existe indéniablement une volonté de rationaliser l'administration du royaume, et de mettre fin à des aberrations comme par exemple ces "traites" véritables droits de douane entre provinces, ce qu'expriment (et chargent leurs députés de porter à la capitale) les cahiers de doléances populaires, d'autant plus que la région est périphérique, est plutôt un rejet d'un pouvoir central monarchique alors largement affermi et en bonne voie de parvenir à ce que Napoléon réalisera effectivement quelques années plus tard.

    Il faut ainsi se rappeler comment nul autre que... Robespierre lui-même, vu aujourd'hui comme le "Nom" littéral du "centralisme jacobin", faisait en 1789 campagne pour la députation aux États généraux... au nom de sa Nation artésienne, annexée à la France depuis à peine plus d'un siècle et aux droits constamment piétinés par l'arbitraire de Versailles : Robespierre-A-la-nation-artesienne.pdf

    Mais hélas, en France, chassez le centralisme, il reviendra au galop.

    Cette problématique, parallèlement (et liée) au souci permanent des révolutionnaires bourgeois, "gens de bien", de contrôler l'explosion populaire, traversera de fait toute la période révolutionnaire jusqu'à ce qu'un petit général corse vienne y mettre un point final.

    [Intéressant à lire là dessus : Henri Guillemin, ou encore ici]

    L'abolition comme "privilèges" de toutes les institutions provinciales, sera évidemment mal reçue dans toutes les provinces périphériques où (comme les Tuiles grenobloises l'avaient déjà montré) même la population laborieuse qui en était (évidemment) exclue était attachée à ce qui incarnait encore le dernier vestige d'indépendance passée de la "vieille nation", de la patrie "évidente" de langue et de vie sociale locale.

    Mais les départements qui leur succèdent sont censés, comme les districts et les communes, être gouvernés par des assemblées locales élues dont rien ne vient préciser les limites exactes des prérogatives dans le cadre des lois générales de l'État... Il n'est prévu, de fait, aucune institution, aucun type de haut fonctionnaire incarnant l'autorité de celui-ci, ressemblant de près ou de loin aux intendants et baillis royaux d'auparavant et aux préfets de par la suite. De fait, la démocratie locale vit ; et Friedrich Engels pourra même y voir un siècle plus tard l'origine de la "force" ayant permis de renverser un trône millénaire le 10 août 1792, et dans la foulée, de barrer la route aux armées de l'Europe absolutiste coalisée.

    Il y sera (comme on s'en serait douté) incessamment "remédié" ; d'abord par les sanglants "représentants en mission" de la Convention, comme le sinistre Fouché à Lyon, puis par les commissaires du gouvernement du Directoire et enfin les préfets napoléoniens, toujours en place aujourd'hui.

    Histoire régionale
    La Journée des Tuiles à Grenoble, juin 1788

    Les "fédéralistes" comme on les appelait alors, rebaptisés par la suite (par Lamartine notamment) "Girondins", de fait les élus de province attachés aux prérogatives locales, sont comme tous leurs pairs révolutionnaires des bourgeois, attachés au droit à la propriété et à la fortune œuvre de la Providence, seule source de prééminence qui doive désormais exister. Qu'à cela ne tienne : leur mépris pour le petit peuple sera retourné contre eux par les partisans d'achever dans la République l'œuvre centralisatrice des rois.

    Parfois, comme avec le briançonnais Chalier à Lyon, cela ne marche pas : leur politique incohérente mécontente le petit peuple qui les portait en triomphe encore quelques semaines auparavant, et ce sont eux qui finissent guillotinés... Avant que la Convention ne réagisse par l'envoi d'un "représentant", et un massacre.

    Mais globalement, le petit peuple sans-culotte de Paris en premier lieu, des villes en général, est utilisé contre les bourgeois anti-centralistes... et les paysans réfractaires, comme les célèbres Chouans et Vendéens (voir lien supra) mais il y aura des dizaines des situations similaires partout et y compris dans notre région, notamment en Savoie annexée ; paysans qui n'ont pas réellement vu leur situation changer avec le rachat des propriétés seigneuriales par des notables roturiers, et résistent en défendant leurs "républiques" villageoises (exemple) et leurs curés "non-jureurs" (refusant la Constitution civile du Clergé) qui étaient de tout temps leurs confidents et les points de repère de toute leur vision du monde.

    [Lire aussi : l'invention-du-capitalisme-comment-des-paysans-autosuffisants-ont-ete-changes-en-esclaves-salaries]

    Puis, devenus inutiles en même temps que la menace des armées étrangères est largement conjurée, les sans-culottes sont tout simplement jetés comme des mouchoirs usagés, et leurs chefs de file sincèrement "de gauche" (Robespierre, Saint-Just etc.) éliminés – Thermidor.

    Sur le plan linguistique (nous y reviendrons plus amplement plus loin), les choses suivent une évolution assez similaire pour ne pas dire parallèle : à la grande tolérance des débuts, portée par l'enthousiasme général, face aux 90% de "patoisants" que compte l'Hexagone (il n'y a que 10% de francophones courants et exclusifs, et 25% ne parlent pas un mot de français) ; aux tribuns locaux déclamant pamphlets et même décrets du gouvernement révolutionnaire dans la langue de leur auditoire (comme les y encourage officiellement la Constituante en juin 1790) ; succèdent dans les derniers mois de la Terreur (premier semestre 1794), moment crucial où "tout se joue" de fait, les rapports pour l'"éradication des patois" et autres "langues du fanatisme et de la contre-révolution" de Barère de Vieuzac (pluviôse, fin janvier) et de l'abbé Grégoire (prairial, juin) ; pour déboucher finalement, après l'acte de centralisation politique et administrative qu'avait été la loi du 14 frimaire an II (décembre 1793, après que nombre de communes "rebelles", "fédéralistes" comme Lyon ou Marseille aient été écrasées dans le sang... et en violation complète de l'esprit de la Constitution de l'An I - alors "suspendue jusqu'à la paix" - quant à l'entrée en vigueur des lois), sur le décret du 2 thermidor an II (20 juillet 1794), souvent et faussement attribué à Robespierre qui sera arrêté et exécuté une semaine plus tard, mais en réalité proposé par Merlin de Douai (futur thermidorien qui mourra tranquillement en 1838 après une belle carrière sous le Directoire et l'Empire) et inspiré des deux rapports précités, et ne concernant par ailleurs que les fonctionnaires publics (n'interdisant pas, en clair, à la population d'utiliser la langue qu'elle voulait dans sa vie quotidienne).

    À l'arrivée, la Révolution n'a fait que remplacer une aristocratie (de lignée, de "sang bleu") par une autre (d'argent) et en termes de centralisation parisienne, parachever et porter à sa perfection un demi-millénaire de travail monarchique. Le 19e siècle, dans notre région comme dans toutes les anciennes provinces, s'ouvre sous le règne des préfets, incarnations départementales toutes puissantes de l'État de Paris et des intérêts industriels et financiers que celui-ci même, en son impériale ou royale ou présidentielle personne, incarne.

    Il n'est pas réellement utile de continuer à dérouler sur des paragraphes et des paragraphes la ligne du temps jusqu'aujourd'hui, car tout à partir de là ne s'inscrit que dans la continuité.

    C'est dans ce contexte, d'abord pour "souder" les classes populaires aux nouveaux maîtres de l'époque ("quand ils parleront comme nous, ils penseront comme nous et ne bougeront que dans les limites que nous leur fixerons"), "forger" la "solidarité nationale" française dans les incessantes guerres depuis Napoléon jusqu'en 1945 et éviter (dans la même logique) les annexions de territoires par les États voisins sur la base de la langue (comme celle de l'Alsace-Moselle par l'Allemagne de 1871 à 1918) ; puis, selon les mots de Samir Amin, sous le "rouleau compresseur d'une homogénéisation culturelle qui n'est que la généralisation de l'idéologie bourgeoise de l’homo consumens universalis" ; que seront peu à peu anéanties nos langues que nous allons voir à présent.

    La langue, la culture

    [Lire : http://ekladata.com/Francoprovençal & Occitan en Rhône-Alpes - rapport.pdf]

    Les langues romanes parlées dans notre région proviennent comme on le sait du latin.

    Et, dans leur évolution jusqu'à s'en distinguer totalement, consistent en quelque sorte en un "dégradé" d'éloignement plus ou moins grand de cette langue originelle, dans les sonorités comme la grammaire.

    Le cœur de la Gaule romaine, comme on le sait aussi, était ce qu'on appelait la Provincia, dite aussi Narbonnaise, des Alpes à la Garonne (Toulouse) et de la Méditerranée au Massif Central, avec la vallée du Rhône jusqu'à Vienne : en d'autres termes ce qui est aujourd'hui le Languedoc, la Provence et le "Vivarais-Provence alpine" linguistiques. C'est là que se trouvent les vestiges des principales cités gallo-romaines (Arles, Nîmes, Orange, Narbonne, Vienne etc.).

    Lyon, capitale des TROIS Gaules (Aquitaine, Lyonnaise et Belgique) et non des quatre, c'est à dire pas de la Provincia qui s'arrêtait à Vienne, jouait un rôle d'avant-poste pour "centraliser" le reste, conquis par Jules César en 52 avant Jésus-Christ.

    C'est donc à partir de cette "matrice" de Gaule du Sud fortement romanisée, avec son avant-poste lyonnais, que s'est diffusée pendant l'Empire romain et encore longtemps après (l'Église prenant le relais comme "diffuseur") la langue latine dans la population, pour donner en se diffusant et se "popularisant" ainsi, naissance à nos langues.

     Les provinces romaines du Sud de la Gaule et, ci-dessous, les aires linguistiques actuelles.

    Nous avons donc, dans une sorte d'"ordre" d'éloignement du latin des origines, le provençal et le languedocien (quasi similaires aujourd'hui et encore plus il y a 1000 ou 1300 ans) ; les parlers nord-occitans parlés en Auvergne et au Sud de notre région (auvergnat et vivaro-alpin), ou encore (loin d'ici) le gascon entre Garonne et Pyrénées ; les parlers arpitans ; et enfin les dialectes d'oïl dont le plus connu est le français.

    Dans notre région, fixer entre un village et un autre la "frontière" linguistique entre parlers d'òc et arpitans n'est pas toujours évident : on va parfois regarder des points relativement de détail, tels que la prononciation ou non des s finaux, ou un usage plus fréquent des pronoms personnels dans la conjugaison (exemple du Forez).

    C'est que toutes les langues, tous les dialectes et parlers romans ont une zone que l'on qualifiera de "centrale", où ils sont parlés de manière disons "pure", et tout autour des zones de transition avec leurs voisins (si bien qu'on ne s'est jamais, contrairement à la légende française, "pas compris d'un village à l'autre" : pour avoir du mal à se comprendre, il fallait prendre des villages à plusieurs centaines de kilomètres de distance). C'est seulement avec des langues non-romanes (comme au Pays Basque, en Alsace ou en Bretagne, mais pas chez nous) qu'une frontière "nette" peut être tracée.

    Durant le processus de dissociation du latin, que l'on peut faire aller de la chute de l'Empire au 5e siècle jusqu'au 11e voire 12e, il existait peut-être, entre la langue d'òc naissante entre Massif Central et Méditerranée et la langue d'oïl alors beaucoup plus au nord qu'aujourd'hui (pas au-dessous de la Loire et de Langres ou Belfort : ligne Von Wartburg), une "bande" de ce que l'historien et linguiste auvergnat P. Bonnaud a appelé "médioroman", un "dégradé" d'évolution du latin intermédiaire entre les deux.

    C'est, très possiblement, la langue que l'on retrouve dans les fameux Serments de Strasbourg de 842, présentés dans le roman national tricolore comme "l'acte de naissance du français" : ce n'est pas du latin, et sans doute trop pas du latin pour être ce qu'on parlait alors en Provence ou en Septimanie (Languedoc) ; mais ce n'est clairement pas non plus la langue que l'on trouve dans un autre document d'à peine 40 ans plus tard (ce qui rend impossible la thèse d'une évolution), la Séquence de Sainte Eulalie, rédigée quant à elle du côté de Valenciennes dans le Nord.

    Il est en effet tout sauf à exclure, au regard des régions dont son père lui avait confié l'administration, et en termes d'importance de la population et des terres arables (donc des domaines, et des seigneurs de ceux-ci...), que c'était de cette "bande" que venait la grande majorité des guerriers de Charles le Chauve auxquels son frère Louis le Germanique s'adressait et qui lui répondaient dans cette langue, la leur.

    Par la suite, on le sait, l'oïl a "poussé" relativement loin au sud de la Loire, "annexant" quasiment toute la Bourgogne et plus de la moitié de la Franche-Comté ; mais aussi, et même avant cela, le prestige de la langue des troubadours a considérablement "occitanisé" les parlers du Limousin et d'Auvergne (qui dépendaient du duché d'Aquitaine), sachant que comme le montrent les études de Bonnaud lui-même, l'òc languedocien proprement dit a "poussé" au sud depuis la vallée du Lot (si ce n'était pas carrément du Tarn) jusqu'aux actuelles frontières sud de l'Auvergne et même jusqu'à Aurillac, qui parle un occitan languedocien et non auvergnat. Ce qui correspond d'ailleurs à la logique de "bassin" fluvial... et économique tourné vers la Garonne.

    Tandis que l'arpitan, bien que sévèrement amputé d'une grande partie de son aire d'extension originelle (en Bourgogne et Franche-Comté), est resté l'arpitan dans son bassin tributaire des métropoles médiévales qu'étaient Lyon, Vienne ou encore Genève.

    La "bande médioromane" au Haut Moyen-Âge selon P. Bonnaud (beige : proto-limousin, vert : proto-auvergnat, violet : proto-arpitan, bleu-vert : proto-vivaroalpin). Ci-dessous, les aires actuelles.

    Histoire régionale

    Bien entendu, si l'on se place au début du millénaire dernier (11e-12e siècles), toutes ces langues ne sont pas l'occitan ou l'arpitan tels que nous tentons de les sauver aujourd'hui, mais des formes anciennes, "proto"... Leurs degrés de différenciation, ou au contraire de parenté, ne sont pas exactement les mêmes qu'aujourd'hui ; pas plus que la classification qui peut en être faite n'est celle de nos actuels linguistes.

    Ainsi l'Ordre des Hospitaliers de Jérusalem, fondé en 1113 durant les Croisades, classe ses moines-chevaliers par "Langues", ce qui veut dire ce que cela veut dire : les langues qu'ils parlent et qui leur permettent de se comprendre entre eux.

    Langue d'Italie, Langue d'Allemagne, Langue d'Angleterre, Langue de Castille etc. ; et pour ce qui est aujourd'hui la France, la Langue de France pour les commanderies du Bassin parisien (un prieuré d'Aquitaine créé en 1315 y ajoutera les nouvelles conquêtes du siècle écoulé : Poitou, Anjou, Saintonge... que des terres d'oïl), la Langue de Provence pour la Provence et le Languedoc... et une Langue d'Auvergne dont dépendaient "l'Auvergne et le Velay, le Limousin, la Marche, le Berry, le sud de l'Orléanais, le Bourbonnais, le sud du duché de Bourgogne et le Bugey, la Franche-Comté, le Lyonnais et le Forez, le nord du Dauphiné, le nord de la Savoie et la partie ouest de la Suisse", autrement dit, toute l'aire actuelle des parlers nord-occitans et arpitans (+ quelques territoires oïlisés depuis), et de fait la totalité de notre grande région.

    Tout en établissant un distinguo avec la langue des rives de la Méditerranée, il est donc notable ici que la région où nous vivons n'était pas considérée (linguistiquement) comme "la France" à cette époque... et encore longtemps après puisque l'Ordre avec toutes ses "Langues", dont celle-ci et celle "de Provence", existait encore tel quel en 1500, avant de devenir ce que l'on connaît aujourd'hui comme l'Ordre de Malte.

    Une langue qui, alors qu'en òc s'épanouissait la civilisation des troubadours, n'était pas en reste de littérature écrite ; comme avec, vers 1300, la chartreuse Marguerite d'Oingt :

    « Quant vit co li diz vicayros que ay o coventavet fayre, ce alyet cela part et en ot mout de dongiers et de travayl, ancis que cil qui gardont lo lua d’Emuet li volissant layssyer co que il demandavet et que li evesques de Valenci o volit commandar. Totes veys yses com Deus o aveyt ordonat oy se fi. »

    (Li Via seiti Biatrix, virgina de Ornaciu - Vie de Sainte Béatrice d'Ornacieux)

    Et même, y compris, une langue judiciaire et administrative comme avec Code de droit civil attesté à Grenoble au 13e siècle ; devenant au 14e la langue officielle de la ville-république (futur canton suisse) de Fribourg :

    « Item hont ordoney li advoye, li consed et li ijc, que en chesque for de Fribor soyt li moistre et un bacheleir et ij. garzons por porteir l’aygue et les meiz in ce que un dont por chasque coppa de farina .iiij. d. por tottes choses et chascon reculle sa farina einsy quant a luy playrra de que chasque forna doyt contenir vij. coppes, li que forna se amonte ij. s. iiij. d. a vij. coppes de farina. » (vers 1370)

    Ou encore, dans le contexte des guerres entre la Genève calviniste et les ducs catholiques de Savoie, ce poème de 1603 devenu l'hymne de la cité :

    Cé qu’è lainô, le Maitre dé bataille,
    Que se moqué et se ri dé canaille ;
    A bin fai vi, pè on desande nai,
    Qu’il étivé patron dé Genevoi.

    I son vegnu le doze de dessanbro
    Pè onna nai asse naire que d’ancro ;       
    Y étivé l’an mil si san et dou,
    Qu’i veniron parla ou pou troi tou.

    Pè onna nai qu’étive la pe naire
    I veniron ; y n’étai pas pè bairè ;
    Y étivé pè pilli nou maison, 
    Et no tüa sans aucuna raison.

    Certes, le français jouira au 18e et encore 19e siècle d'un prestige international énorme et même en dehors de ce qui relevait du royaume, comme aux Pays-Bas autrichiens future Belgique, il tendra a être adopté alors comme langue administrative et de la bourgeoisie dans les cantons suisses romands comme en Savoie et en Val d'Aoste... L'arpitan restant toutefois, néanmoins, la langue des larges masses populaires jusque tard et encore aujourd'hui pour 15% de la population valdôtaine et une bonne partie des Suisses romands (qui parlent de "patois" sans y mettre la connotation péjorative d'ici).

    Quoi qu'il en soit, se sont ainsi à travers les siècles, dans les "bassins" de vie sociale et économique commune, forgées nos langues ; car c'est ainsi (scientifiquement) qu'elles se forgent tout comme les peuples qui vont avec.

    Des langues parlées par ces peuples, non pas aux "obscurs temps médiévaux" mais encore (très largement) il n'y a guère plus d'un siècle.

    Une série d'enquêtes menées de la Révolution jusqu'à la fin du 19e siècle était en effet sans équivoque : aussi tard que cela, selon les départements, plus de 40% et parfois jusqu'à 80 ou 90% de la population ne parlait pas, ou très sommairement français.

    http://ekladata.com/Diffusion d'une langue nationale et résistance des patois en France au XIXe siècle.pdf

    Pas français c'est à dire monolingues dans une autre langue ; mais en comptant les gens parlant leur langue et le français comme nombre d'entre nous peuvent aujourd'hui maîtriser l'anglais (par exemple), de fait, plus de 90% des habitants de l'Hexagone à l'époque parlait encore couramment les langues "régionales", les langues réelles du peuple, à l'exception d'une petite couche de notables.

    À Lyon même, il y a encore 200 ou même 150 ans, on parlait arpitan lyonnais, ou un parler basé dessus et à peine francisé. Jean Cotton, poète en parler arpitan, vivait entre 1800 et 1866 à Caluire. Caluire, ce n'est pas au fin fond du Bugey ou de la Savoie annexée en 1860 seulement : c'est aux portes de Lyon... Contemporain, Guillaume Roquille (1804-1860) était un ouvrier ferblantier de Rive-de-Giers, juste après Givors en direction de Saint-Étienne (voir aussi : Conférence-sur-Guillaume-Roquille.pdf) ; Saint-Étienne où vivait à une époque un peu plus tardive (1842-1898) l'ébéniste-poète Jacques Vacher.

    Les célèbres Canuts des années 1830 ne parlaient pas autre chose que l'arpitan lyonnais, dont le mot même était d'ailleurs issu (de la canne, le roseau, utilisé pour la trame du tissage de la soie).

    [Lire à ce sujet, par exemple : itinerairedecollectageendomainefrpro.pdf]

    Il va de soi que ceci laisse aisément présumer ce que pouvait être la situation linguistique dans les campagnes profondes, les villages de montagne...

    Avec sa florissante industrie en développement, l'ancienne capitale des Gaules était d'autre part dès le 18e siècle la destination d'une importante immigration de travail de langue d'òc, principalement vivaro-alpine (de l'Ardèche jusqu'à la crête des Alpes). Une théorie possible d'ailleurs, au sujet de la fulgurante ascension puis chute de Chalier au printemps 1793, dont nous avons parlé plus haut, est que celui-ci, carrément natif de l'Escarton d'Oulx (aujourd'hui en Italie) et à ce titre fervent républicain (les Escartons du Briançonnais étaient de petites républiques montagnardes très démocratiques un peu comme les cantons suisses), se soit appuyé sur ce prolétariat immigré vivarais et alpin auquel il s'adressait dans sa langue ; et heurté à une petite bourgeoisie et un petit peuple lyonnais plus établi et "de souche", de langue arpitane et (à cette époque, avant les violents conflits du siècle suivant) fidèle à ses notables ; un peu dans la même logique qui aujourd'hui soude les "Français de souche" à leurs dirigeants face aux immigrés... Finissant ainsi renversé et guillotiné, avant que le Comité de Sûreté Générale du grand propriétaire et vendu gascon Barère de Vieuzac n'envoie le triste sire Fouché dévaster la ville en représailles et s'en mettre accessoirement plein les poches, se constituant ainsi un joli petit bas de laine au service de ses ambitions politiques (il finira Premier flic de Napoléon).

    Ces enquêtes du 19e siècle, si elles nous fournissent aujourd'hui des données précieuses, étaient évidemment à l'époque menées dans une bien triste perspective : évaluer la progression et la généralisation du français dans les catégories populaires.

    Le français qui n'est même pas en vérité une langue d'oïl "parmi d'autres", qui aurait "réussi", mais un sociolecte "noble" forgé sur cette base d'oïl entre le 16e et le 18e siècle pour se distinguer du "bas peuple" (c'est là que les langues de celui-ci commencèrent à être renvoyées à de vulgaires "patois", parlers de "bouseux" ignorants, sans qu'il ne soit alors le moins du monde question de les leur enlever, car comment s'en distinguer alors ?)... Jusqu'à ce que les bourgeois révolutionnaires de 1789, à la tête de leur "Nation" autoproclamée, ne se mettent en tête de le généraliser alors qu'il était à l'origine (avec son hermétisme, son orthographe anti-phonétique au possible etc.) fait pour le contraire.

    Il ne s'agissait pas seulement là de généraliser, dans un grand État unifié, une langue véhiculaire d'intercompréhension sur un vaste territoire – pourquoi pas (d'autant que le français, on l'a dit, n'est pas "le dialecte d'oïl de Paris" mais une construction élitiste dans un tel but véhiculaire et qui a beaucoup intégré des autres langues de l'Hexagone, notamment de l'occitan, prestige de la langue des troubadours oblige !) ; sans que, comme l'allemand standard chez nos voisins allemands ou suisses, cela ne conduise nullement à la disparition des dialectes populaires locaux, toujours parlés dans la vie quotidienne tout en utilisant la langue standard à l'écrit et dans la communication avec des gens d'autres régions (ou des germanophones étrangers qui ne connaissent évidemment pas chaque dialecte). Mais bien d'une logique de souder les citoyens à leurs dirigeants dans une "communauté nationale" où ils puissent être exploités sans broncher et répondre à l'appel en cas de guerre (que peu de générations alors ne connaissaient pas) ; d'éviter (c'est relativement clair, entre les lignes, dans les rapports de Barère et de l'abbé Grégoire en 1793-94) que la conscience collective que forge la pratique commune d'une langue ne devienne ici et là ferment de résistance à l'autorité centrale ; ou encore, qu'une langue de la famille de celles d'un État voisin ne puisse servir les revendications d'annexions territoriales de celui-ci - après que cela se soit produit en Alsace-Moselle, la politique d'imposition du français se déchaînera tous azimuts.

    La résistance des langues historiques, malgré une certaine généralisation de l'usage du français (bilinguisme) au début du 20e siècle, sera néanmoins solide et tardive, d'autant plus que comme on l'a dit, contrairement à l'anglais (qui a largement fait disparaître les autres langues dans son archipel), la langue de l'Académie n'était pas vraiment servie par sa simplicité. La génération née dans les années 1920 les connaissait et pratiquait encore très largement, aussi bien en Bretagne, en Gascogne, en Languedoc ou en Corse que dans notre région.

    C'est en fait surtout, comme on a déjà pu l'expliquer, un phénomène de la seconde moitié du siècle dernier (1950-80), dans un contexte d'exode rural massif et de développement de ce que certains géo-sociologues appellent la "métropole mondialisée", qui a vu leur recul jusqu'à être menacées de disparition totale ; au travers d'une vergonha (honte de les parler en public, refus de les transmettre à ses enfants) déjà inculquée par les hussards noirs de Jules Ferry mais encore renforcée, dans ce contexte des Trente Glorieuses et ses perspectives (alors bien réelles) de promotion sociale et d'accès à la société de consommation, par ce tristement fameux sentiment que "ça ne sert à rien" voire qu'elles seraient un "handicap".

    Dans les grands centres industriels "brassants" comme Lyon ou Saint-Étienne (comme plus au sud, typiquement, Marseille) avaient pu se développer des parlers "français régionaux", ou plutôt "franpitans" et "francitans", mêlant allègrement langue de Molière, langue historique locale et éventuellement apports étrangers (italiens etc.).

    Mais à présent, même ceux-ci reculent, face à la gentryfication généralisée et la "parisianisation" définitive (pas façon chansons de Renaud, mais façon Champs-Élysées !) du français parlé. Et avec eux les dernières traces de nos langues et de cette glorieuse histoire que nous venons de voir, et qu'elles portent en elles...

    Histoire régionale

    La métropolisation dans les années 2010. Notre région apparaît, de fait, totalement "dévorée" par la périurbanité... Qui "tue" toute vie sociale de village, de quartier : la disparition quasi-totale de nos langues populaires historiques est aussi l'aboutissement ultime de ce même processus.


    Présenté ainsi, voilà qui change (n'est-ce pas ?) du "roman national" français de la victoire "historiquement inéluctable" de la "langue des Lumières" sur des "dialectes du passé, vestiges moyenâgeux" !

    Voilà donc, en ce début de 21e siècle, où nous en sommes.

    Ou peut-être, plutôt, étions... Car ce terrible recul des trésors que sont nos langues historique (un patrimoine que l'occitaniste gascon David Grosclaude compare, à raison, aux monuments comme Notre Dame de Paris dont tout le monde s'émeut de l'incendie : https://lepeuplebreton.bzh/2019/04/18/notre-dame/) n'a été, il faut le dire et le répéter, que la conséquence d'une gigantesque dépossession des peuples de tout pouvoir sur leurs vies dans leurs territoires, préalable à leur dissolution dans la "métropole consumériste"...

    Dépossession face à laquelle depuis quelques mois, revêtu d'un vulgaire accessoire d'automobiliste, s'est levé un formidable réveil des peuples et des territoires.

    Qui sonne peut-être enfin l'heure du renouveau ; l'heure - à nouveau - de nous-mêmes... Et de nos langues et cultures séculairement méprisées.

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    Versions òc (vivarais privassenc) et arpitan :


    Las originas

    Quánd l'Empèri roman achaba son long procèssus de descompausicion, au 5e sègle, l'autoritat politica á tendéncia a se recentrar sobre de bèus "bacins" de vida economica.

    Es aitau, dins ‘questa logica, que dins tot un bèu "bacin versant" de las bèlas metropòlis romanas (e de iara endavánt cristianas) de Lion, Viana e (mai segondarament) Genèva, a l’entorn de Ròse e de Saòna, s’establís lo reiaume dau pòble germanic daus Burgondis, au quent succedirán apuèi d'autras entitats similaras josqu'en l'An Mila.


    Les origines

    Quand l'Empiro romen achavona son long procèssus de dècomposicion, u 5e sièclo, l'ôtoritât politica at tendence a sè recentrar sur de grants "bassins" de via èconomica.

    O est d’ense, diens iqueta logica, que diens tot un grant "bassin vèrsent" de grantas mètropoles romènes (et dês ora crètiènas) de Liyon, Vièna et (més segondèrament) Genèva, u tôrn du Rôno et de la Sona, s’enstale lo royômo du poplo gèrmanico dus Burgondos, u quint succèderont dês inque d'ôtres entitâts similères jusqu'en l'An Mile.

    Parièrament, dins lo Bacin aquitan a l’entorn de Tolosa, Agen, Bordèu s'establís lo reiaume daus Visigòts que serà conquerit per Clodovèu au començament dau 6e sègle, mas au quent succedirá lai tanben tota una seguía de duchats, o de còps de reiaumes d'Aquitània. L'Auvèrnha "centrala" (valaa de l'Alièr, aub Clarmont) á tendéncia a èsser "parteiaa" entre ‘questes dos centres d'influéncia (mas dependrá de manèira generala puslèu d'Aquitània).

    Lo contorn mediterranèu (Provença e Lengadòc), anciana Provincia "còr" de la civilizacion romana en Gàllia, e d’o que n’en rèsta encara, es disputat e regularament parteiat entremès ‘questas entitats, entau coma los mèstres d'Itàlia e d'Espanha (qu’a partir dau 8e sègle serán los califas de Cordoa) ; s’erigissent, mai (sobretot Provença), pron sovent en entitat autonòma.

    Totes ‘questes "bacins" son, autanlèu ‘quest’epòca, los crusòus d'una vida sociala e economica dins laquenta se farjarán nòstras lengas (d'òc e arpitana) e nòstras culturas.

    Contrarament au "roman nacional" francés, ièr flor-de-liriat e uèi blau-blanc-roge, d'una "nacion" francesa nascúa aub lo baptisme de Clodovèu, totas aquestas tèrras, entre despartatges merovingians daus reiaumes entremès eiretièrs e presa de contraròtle per de "bèus" locaus, dependon per o dire aitau quage pas jamai d'un quent que siave poder politic sietjant au Nòrd (d’alhors rarament a París, a l'epòca : puslèu a Rems, Orleans o Soissons, o alara... dau costat de Lièja, dins l'actuala Belgica !). Se "lo Nòrd" l’i vène, coma aub Clodovèu o (sobretot) dos sègles mai tard Chárles Martel, ‘quò es lo mai sovent coma envasisseire semenant la terror e la desolacion, en temptant d'obténer aitau la somession de las autoritats e populacions localas, mas en realitat sens bèu resultat sobre lo long tèrme (mai ailai d'una generacion).

    Pariérement, diens lo Bassin aquiten u tôrn de Tolosa, Agen, Bordô s'enstale lo royômo dus Visigotos que serat conquês per Clovis u comencement du 6e sièclo, mas u quint succèderat lé asse-ben tota una suita de duchiéts, ou ben de côps de royômos d'Aquitèna. L'Ôvèrgne "centrala" (valâye de l'Aliér, avouéc Cllârmont) at tendence a étre "partagiê" entre iquèts doux centros d'enfluence (mas dèpendrat de maniére g·ènèrala pletout de l'Aquitèna).

    Lo contorn mèditèrranèen (la Provence et lo Lengouadoc), anciana Provincia "côr" de la civilisacion romèna en Gôla, et d’o que nen résta oncora, est disputâ et règuliérement partagiê entre-mié iquetes entitâts, ensé que los mêtros d'Étalia et d'Èspagne (qu’a partir du 8e sièclo seront los califos de Cordoua) ; s’èrigent, d’étot (surtot la Provence), prod sovent en entitât ôtonoma.

    Tôs iquetos "bassins" sont, dês iquet’època, los crosèts d'una via sociala et èconomica diens laquinta se forgiont noutres lengoues (d'oc et arpetana) et noutres cultures.

    Contrèrament u "roman nacionâl" francês, hièr fllor-de-lisâ et houé blu-blanc-rojo, d'una "nacion" francêsa nèssua avouéc lo bâptèmo de Clovis, totes iquetes tèrres, entre partiâjos mèrovingiens dus royômes entre-mié héretiérs et prêsa de contrôlo per de "grants" locals, dèpendont per o dére d’ense quâsi pas jamés d'un quint que sêt povêr politico sièjent u Nord (d’alyor rârament a Paris, a l'època : pletout a Rems, Orlèans ou ben Souèssons, ou adonc... du coutâ de Liége, diens l'actuèla Bèlgica !). Se "lo Nord" y vint, come avouéc Clovis ou ben (surtot) doux sièclos més târd Charlo Martèl, o est lo més sovent come envahissor semenent la tèrror et la dèsolacion, en tentent d'obtenir d’ense la somission de les ôtoritâts et populacions localas, mas en rèalitât sens grant rèsultat sur lo long tèrmeno (més en-delé d'una g·ènèracion).

     

    ‘Quò n'en vai pas mai diferentament de l'immense Empèri europèu de Chárlesmanhe, que deu dejà confisar a de poderoses aristocratas (sovent locaus) l'administracion de las províncias (comtats, duchats, "márchas") eiloánhaas de sa capitala, situaa an-Aquisgran actualament an-Alemanha (pròche de las frontèiras bèlga e neerlandesa), e se desagrega autanlèu la generacion de sos arrièr-filhs.

    Autanlèu la fin dau 9e sègle, los títols d'"admenistrators" locaus sobre los diferents territòris (comtes, ducs, marqueses) vènon ereditaris e dependon doncas pas mai d'una nominacion per un quent que siave rei o emperaire. Au 10e sègle, au sud de Lèira, los "bèus" reconéisson pas mai lo "rei daus Francs occidentaus" particípon pas au sistèma d'eleccion que s'es MÉS en plaça per lo designar... mentre que de tota manèira çò que vendrá Ròse-Aups, ansin coma Provença e Francha-Comtat, relèvon de tota faiçon pas de ‘queste reiaume teoric : es un reiaume independent, lo Reiaume d'Arles.

    O nen vat pas més difèrentament de l'imanse Empiro eropèen de Charlomagne, que dêt dejâ confiar a de pouessients aristôcratos (sovent locals) l'administracion de les provinces (comtâts, duchiéts, "mârches") èluegniês de sa capitâla, situâye a Aquisgran actuèlament en Alemagne (prés de les frontiéres bèlge et nêrlandêsa), et sè dècamota depués la g·ènèracion de sos petits-filys.

    Dês la fin du 9e sièclo, los titros d'"administrators" locals sur los difèrents tèrritouèros (comtos, ducs, marquis) vegnont héreditèros et dèpendont donc pas més d'una nominacion per un quint que sêt rê ou emperor. U 10e sièclo, u sud de la Lêre, los "grants" recognessont pas més lo "rê dus Francs occidentals" participont pas u sistèmo d'èlèccion que s'est mês en plâce per lo dèsignér... tandis que de tota maniére cen que vendrat Rôno-Ârpes, ensé que la Provence et la Franche-Comtât, relèvont de tota façon pas d’iquèt royômo tèorico : o est un royômo endèpendent, lo Royômo d'Ârles.

    Histoire régionale

    Aub autras paraulas, çò que se ditz uèi Occitània e Arpitània èra an-aquela epòca, politicament, totalament independent.

    ‘Quò s’agissiá cèrtas pas d'Estats modèrnes, taus que ‘quelos que conèissem uèi. Seürament pas taus que l'Estat francés... essent, dins los multiples feus sens parlar tampauc daus alòdis (territòris e populacions que dependián de degun sénher, o versàvon pas mai qu'un tribut annuau simbolic), lo grad de descentralizacion que l’i reinava !

    ‘Quò s’agissiá de "piramidas" de poder aus multiples eschalons ; "piramidas" que, de la "republica" vilatgesa o urbana, de borg, au sénher locau e au sobeiran d’aquéu d’aquí e au sobeiran dau sobeiran, s'"arrestàvon" a un moment balhat en quauque liòc... e ‘queste en quauqua part en Occitània e Arpitània, èra pas lo rei capecian daus Francs dins un de sos chastèus entre Orleans e Senlis (la fixacion relativa dau palatz reial a París s'efectua dins lo corrent dau 12e sègle).

    La construccion d’o que coneissèm avuèi coma França, per conqueriments militaris a partir de la region parisenca (seguits de tractats e, sovent, de mariaments forçats !), comença seriosament jos lo rèine de Felip II Capet (1180-1223) que revestirá lo títol imperial roman d'"August" ; e començará dins los actes oficiaus alara encara en latin a s'entitolar Rex Franciae, rei de França, e pas mai Francorum, "daus Francs", "prumièr" (teoric) daus aristocratas eissits de ‘questo pòble germanic establit en Belgica actuala au 5e sègle.

    Un uelh a la carta de nòstra region, e sos alentorns a la velha de ‘questo rèine s'impausa doncas :

    Avouéc d’ôtres mots, cen que s’apèle houé l’Occitania et l’Arpetania ére a iquela època, politicament, totâlament endèpendent.

    O s’agissiêt cèrtes pas d'Ètats modèrnos, tâlos qu’iquelos que nosôtros cognessens houé. Sûrament pas tâlos que l'Ètat francês... étent balyê, diens los multiplos fiêfs sens parlar nan plés dus alox (tèrritouèros et populacions que dèpendévont de lengun sègnor, ou ben versâvont pas més qu'un tribut anual simbolico), lo degrâ de dècentralisacion qu’o y règnêve !

    O s’agissiêt de "piramides" de povêr ux multiplos èchelons ; "piramides" que, de la "rèpublica" velagêsa ou urbana, de bôrg, u sègnor local et u sôveren d’iqueli-iqué et u sôveren du sôveren, s'"arrétâvont" a un moment balyê en quârque luè... et iquèt quârque pârt en Occitània et en Arpitània, ére pas lo rê capecian dus Francs diens un de sos châtéls entre Orlèans et Senlis (la fixacion relativa du palès royâr a Paris s'èfèctue diens lo corent du 12e sièclo).

    La construccion d’o que nosôtros cognessens houé come la France, per conquétes militères a partir de la règ·ion parisièna (siugus de trètâs et, sovent, de mariâjos forciês !), comence sèriosament sot lo règno de Felipo II Capèt (1180-1223) que revetirat lo titro emperial romen d'"Ôguste" ; et comencerat diens los actos oficièls alor oncora en latin a s'entitular Rex Franciae, rê de France, et pas més Francorum, "dus Francs", "premiér" (tèorico) dus aristôcratos vegnus d’iquèt poplo gèrmanico enstalâ en Bèlgica actuèla u 5e sièclo.

    Un uely a la cârta de noutra règ·ion, et sos alentôrns a la velye d’iquèt règno s'empose donc :

    Histoire régionale

    Lo Reiaume d'Arles o de Borgonha, dau quent lo rei es d’aicí endavánt (teoricament) lo loánchenc Emperaire germanic, e dau quent se vei encara la frontèira en roge continú, s'es de fach desagregat (autra carta) :

    Lo Royômo d'Ârles ou ben de Borgogne, du quint lo rê est d’ora en avant (tèoricament) lo luenten Emperor gèrmanico, et du quint sè vêt oncora la frontiére en rojo continu, s'est en fêt dècamotâ (ôtra cârta) :

    Histoire régionale

    Lo comtat palatin de Borgonha correspònd dejà a çò que s’apelará mai tard la Francha-Comtat (lo duchat de Borgonha a l’entorn de Dijon e Beaune, capecian per quant a ele e de pas confondre, prepara tot doçament o que será l'apogèu de sa potença aus 14e e 15e sègles).

    Lion, la bèla metropòli cristiana de Gàllias, rèina aub son archavèsque sobre son arrièr-país lionés, entre Saòna e los Monts. An-aquela epòca ont l'institucion religiosa es (au mens) autánt importanta coma los fèus aristocratics, ‘questa posicion e sas abadiás potentas (Illa-Barba, Ainai) aub lhor malhum de priorats a de centenaas de quilomètres a l’entorn la fán restar lo "hub" economic de çò que vendrá Arpitània, l'aira culturala e lingüistica "francoprovençala".

    Lo comtat d'Aubon (de vèrs Chanàs, Sant Rambèrt, Rosselhon, aub lo sector d'Anonai en Ardecha) es vengut "Daufinat dau Vianés" e s’espand a travèrs Isèra josca Aups-Nauts, Briançon e mesme Susa (uèi en Itàlia). Lo comtat (pas encara duchat, avánt 1416) de Savòia teissa sa tiála a partir de sa comba de Chamberí e de Mauriena, vèrs lo Bacin lemanic e... josc'aus abòrds immediats de Lion. Lo nom de Savòia (Sapaudia) designa a l'origina, mai o mens, l'ensems daus territòris comprés entre Ròse, Isèra e Aups (tribú gallesa daus Allobròges) : que sos comtes, a l'origina comtes de Mauriena, se páron de ‘queste títol a partir de vèrs l'an 1000 mòstra quentas son lhors aspiracions territorialas...

    Lo Forés es aus mans d'una dinastia aparentaa aus Aubon dau Daufinat, familha que decidïament còmpta dins la region (que se disputa, essencialament, aub l'archavèsque lionés e los comtes de Savòia). Rason per laquenta sas armariás son egalament un daufin. Mesme la senhoriá de Beujòu (... Beujolés) fenirá, mai tardivament (13e sègle), per chaire dins son escarcèla.

    Au Sud e a l'Oèst, se vei clarament los tres bèus Estats occitans de l'epòca :

    - lo duchat d'Aquitània de la famosa Alienor (mariaa au Plantagenet d'Angieus vengut mentretant duc de Normandia e rei d'Anglatèrra : un gent pichon "empèri" còntra loquent Felip "August" aurá fòrça a far !) ; cubrent Lemosin e Auvèrnha ont Clarmont es egalament un centre politic e religiós important, que raia sobre tot Massís Central e las tèrras au sud de la Lèira (es notaament lai que se té en 1095 lo concili decidissent de lançar las Crosaas) ;

    - lo comtat de Tolosa e sas multiples possessions que ván josca Ardecha e Droma (marquesat de Provença conjoentament a Vauclusa) ;

    - e enfin Provença (lo pichon comtat "tapon" de Forcauquièr dispareisserá pauc après), que depend dempuèi un’aliança matrimoniala a la fin dau 11e sègle... de Catalonha (e d'Aragon) – de fach, tot l'ensems Provença-Lengadòc es alara l'objècte d'un bèu despartiment (de guèrras en tractats) entremès aquestas doas maisons eissías de la meteissa "Bèla Provença" indivisa de Bauson d'Arles (fin dau 10e sègle).

    Una lucha per la preeminéncia sobre o que auriá pogut venir un Estat occitan (o catalan-aragonés-occitan) ; un pauc coma (finalament) aquela entre Aubon e Savòia per l'aira arpitana... O entre lo Capet e sos "vassaus" teorics (e sovent mai potents) en França, es a dire au nòrd de Lèira.

    Mas que, dins los dos prumièrs cas contrarament au darrièr, aurá pas lo temps de menar a una tala unificacion politica... Las campanhas victoriosas daus Capecians fenísson per desbordar lo cadre dau Bacin parisenc, e venir l’i metre un tèrme en s'emparant de totes aquestos territòris que josca-lai (per aquelos que relevàvon tot simplament pas dau Sant-Empèri) eschapàvon dempuèi de sègles a lhor autoritat e se balhàvon pas mai la pena de lhor prestar un omenatge de pura forma.

    ‘Quò es çò que anèm veire iara.

    L’estachament a França

    Globalament : l'Auvèrnha fai ben lèu part de las "bèlas conquistas" de Felip II August a la debuta dau 13e sègle ; dau temps que la borgesiá lionesa en (vièlh) conflicte aub l'archavèsque fai "dedicion" au rei parisenc en 1312 ; Velai (Lèira-Nauta) e Vivarés (Ardecha) son definitivament someses a l'autoritat capeciana vèrs la meteissa epòca, dins lo perlonjament de la terrible conquista de Lengadòc (Crosaa daus Aubigés) au sègle precedent ; e lo Daufinat es achatat a son sobeiran (lo daufin) arroïnat en 1349, venent alara lo fèu nomenat de l'eiretièr dau tròn de França, que portará d’iara endavánt ‘queste títol entrat dempuèi dins lo lengatge corrent ("daufin" = successor més o mens designat de quauqu'un).

    Las tèrras de Massís Central vènon totun de "fèus movents" de la Corona (que lo rei confiá a cu vòu), e de ‘questa manèira, chaient au començament dau 15e sègle a la dinastia locala de Borbon (Borbonés = Alièr), tot un ensems qu’engloba Auvèrnha, una part de Lemosin (Márcha), Forés (Lèira), Beujolés e lo principat de Domba restará ben autonòm josqu'en 1531, data de sa confiscacion (per traïment dau darrièr duc envèrs Francés Ier) e reünion totala e definitiva au domeni reial ; Domba (Trévoux) conservant çaiquelai una certana autonomia josc’au 18e sègle.

    Lo comtât palatin de Borgogne corrèspond dejâ a cen que s’apèlerat més târd la Franche-Comtât (lo duchiét de Borgogne u tôrn de Dij·on et Bona, capecian quant a lui et de pas confondre, prèpare tot docement o que serat l'apogê de sa pouessience ux 14e et 15e sièclos).

    Liyon, la granta mètropola crètièna de Gôla, règne avouéc son arch·evèque sur son arriér-payis liyonês, entre la Sona et los Monts. En iquela època onte l'enstitucion religiosa est (u muens) atant importanta come los fiêfs aristôcraticos, iqueta posicion et ses abayies pouessientes (Ila-Bârba, Ènê) avouéc lyor malyâjo de priorats a de centênes de kilomètres a l’entôrn la fant réstar lo "hub" èconomico de cen que vindrat l’Arpetania, l'ére culturèla et linguistica "francoprovençâla".

    Lo comtât d'Ârbon (de vers Chânâs, Sent-Rambèrt, Rosselyon, avouéc lo sèctor d'Anonê en Ardèche) est vegnu le "Dôfinât du Viènês" et s’èpate a travèrs l’Isèra jusqu'a les Hôtes-Ârpes, Briançon et mémo Susa (houé en Étalia). Lo comtât (pas oncora duchiét, avant 1416) de Savouè tisse sa têla a partir de sa comba de Chambèri et de Môrièna, vers lo Bassin lèmanico et... tant qu'ux abôrds imèdiats de Liyon. Lo nom de la Savouè (Sapaudia) dèsigne a l'origina, més ou muens, l'ensiems dus tèrritouèros comprês entre lo Rôno, l’Isèra et les Ârpes (tribu gôlêsa dus Alobrojos) : que sos comtos, a l'origina comtos de Môrièna, se paront d’iquèt titro a partir de vers l'an 1000 motre quintes sont lyors aspiracions tèrritoriales...

    Lo Forês est a les mans d'una dinastia aparentâye ux Ârbon du Dôfinât, famelye que dècidâyement compta diens la règ·ion (que sè disputa, èssencièlament, avouéc l'arch·evèque liyonês et les Savouè). Rêson per laquinta ses armouèries sont ègalament un dôfin. Mémo la sègnorie de Biojô (... Biojolês) fenirat, més tardivament (13e sièclo), per chêre diens son èscarcèla.

    U Sud et u Cuchient, sè vêt cllârament los três grants Ètats occitans de l'època :

    - lo duchiét d'Aquitèna de la famosa Alienor (mariâye u Plantagenet d'Angiérs vegnu entretemps duc de Normandia et rê d'Anglletèrra : un biô petiôt "empiro" contra loquint Felipo "Ôguste" arat biôcôp a fâre !) ; cuvrent lo Limosin et l’Ôvèrgne onte Cllârmont est ègalament un centro politico et religiox important, que rayone sur tot lo Massif Central et les tèrres u sud de la Lêre (o est notâyement lé que sè tint en 1095 lo concilo dècident de lanciér les Crouesâdes) ;

    - lo comtât de Tolosa et ses multiples possèssions que vant tant qu’a l’Ardèche et la Drôma (marquisât de Provence conjuentament u Vauclusa) ;

    - et enfin la Provence (lo petiôt comtât "tampon" de Forcarquiér disparêtrat pou aprés), que dèpend depués un’aliance matrimoniala a la fin du 11e sièclo... de la Catalogne (et de l'Aragon) – en fêt, tot l'ensiems Provence-Lengouadoc est alor l'objèt d'un grant partiâjo (de guèrres en trètâs) entre-mié iquetes doves mêsons vegnues de la méma "Granta Provence" endivisâye de Bôson d'Ârles (fin du 10e sièclo).

    Una luta per la preèminence sur o que arêt povu vegnir un Ètat occitan (o catalan-aragonês-occitan) ; un pou come (finalament) iquela entre Ârbon et la Savouè per l'ére arpetana... Ou entre lo Capèt et sos "vassals" tèoricos (et sovent més pouessients) en France, o est a dére u nord de la Lêre.

    Mas que, diens los doux premiérs câs contrèrament u dèrriér, arat pas lo temps de menar a una tâla unificacion politica... Las campagnes victorioses dus Capecians fenéssont per dèbordar lo câdro du Bassin parisien, et vegnir y metre un tèrmeno en s'emparent de tôs iquetos tèrritouèros que tant qu’a lé (per iquelos que relevâvont tot simplament pas du Sent-Empiro) èchapâvont depués de sièclos a lyor ôtoritât et sè balyêvont pas més la pêna de lyor prétar un homâjo de pura fôrma.

    O est cen que nosôtros anens vêre ora.

    L’atachement a la France

    Globalament : l'Ôvèrgne fat bentout pârt de les "grantes conquétes" de Felipo II Ôguste u dèbut du 13e sièclo ; du temps que la borgèsie liyonêsa en (viely) confllit avouéc l'arch·evèque fat "dèdicion" u rê parisien en 1312 ; lo Velê (Hôta-Lêre) et lo Vivarês (Ardèche) sont dèfinitivament somês a l'ôtoritât capeciana vers la méma època, diens lo prolongement de la tèrribla conquéta du Lengouadoc (Crouesâda dus Ârbigês) u sièclo prècèdent ; et lo Dôfinât est achetâ a son sôveren (lo dôfin) ruinâ en 1349, vegnent alor lo fiêf nominâ de l'héretiér du trôno de France, que porterat d’ora en avant iquèt titro entrâ depués diens lo lengâjo corent ("dôfin" = succèssor més ou muens dèsigniê de quârqu'un).

    Les tèrres du Massif Central vegnont tot-un de "fiêfs movents" de la Corona (que lo rê confiye a quâl vôt), et d’iqueta maniére, chèyent u comencement du 15e sièclo a la dinastia locala de Borbon (Borbonês = Aliér), tot un ensiems qu’englobe l’Ôvèrgne, una pârt du Limosin (Mârche), du Forês (Lêre), du Biojolês et lo principât de Domba résterat ben ôtonomo tant qu'en 1531, dâta de sa confiscacion (per trayison du dèrriér duc envers Francês Ier) et rèunion totâla et dèfinitiva u domêno royâr ; la Domba (Trèvoex) consèrvent cependent una cèrtêna ôtonomia jusqu’u 18e sièclo.

    Histoire régionale

    Fin dau 15e sègle. Çò qu’es en blau ciau aparté dirèctament au rei parisenc, aub de governaires ; mas garda pasmens d’institucions pròpras, e rèsta sovent loánh d'èsser pacificat... Çò qu’es dins un’autra color aparté a de "bèus", de princes feudaus, aparentats a ele o pas : Borbon (en blau-verd) d'Auvèrnha-Borbonés josqu'en Beujolés e Domba en passant per Forés ; Borgonha (en jaune e aurantge) ; Anjau dau bon rei Renat en Provença (blau fonçat) ; Armanhac e Albret gascons en verd clar e caquí ; que conferísson encara a ‘questas tèrras una larja autonomia mesmament semi-independéncia e se mòstron de còps insomeses, e mai en guèrra dubèrta aub París (Borgonha, qu’espand sas possessions josc'a Païsses-Basses, josqu'en 1477). Çò qu'es pas en color (duchat de Savòia notaament) es tot simplament independent. Lion, de que la borgesiá s'es plaçaa volontarament dessós l'autoritat dau rei de França au 14e sègle, es puslèu fidèla e calma ; mas, coma s’o pòt veire, "ben entornaa" ! Fin du 15e sièclo. Cen qu’est en blu cièr apartint dirèctament u rê parisien, avouéc de govèrnors ; mas gouârde cependent d’enstitucions prôpres, et réste sovent luen d'étre pacifiâ... Cen qu’est diens un’ôtra color apartint a de "grants", de princes fèodals, aparentâs a lui ou pas : Borbon (en blu-vèrd) d'Ôvèrgne-Borbonês jusqu'en Biojolês et Domba en passent per lo Forês ; la Borgogne (en jôno et orange) ; l’Anjô du bon rê René en Provence (blu fonciê) ; l’Armagnac et l’Arbrèt gascons en vèrd cllâr et kaki ; que confèront oncora a iquetes tèrres una lârja ôtonomia vêr semi-endèpendence et sè motront de côps ensomêses, et d’atot en guèrra uvèrta avouéc Paris (la Borgogne, qu’èpate ses possèssions tant qu’ux Payis-Bâs, jusqu'en 1477). Cen qu'est pas en color (lo duchiét de Savouè notâyement) est tot simplament endèpendent. Liyon, que la borgèsie s'est plaçâye volontèrament dessot l'ôtoritât du rê de France u 14e sièclo, est pletout fidèla et calma ; mas, come o pôt sè vêre, "ben entornâye" !

    Histoire régionale

    ‘Quò nos fai doncas de datas d'afermiment de l'autoritat centrala parisenca que rejoánhon ‘quelas... de l'"Union" de Bretanha (1532), mesmament de l'annexion de Còrsa (1768) !

    Dau temps que de lhor costat Vivarés e Velai, estachats a Lengadòc, e Daufinat (qu’enclusiá alara l'Èst lionés josc'au pònt de Guilhotèira...) restarán josqu'en 1789 çò que se sonava de "païsses d’Estat", ‘quò es a dire dotats de lhors institucions autonòmas pròpras (Estats provinciaus daus tres òrdres reünits regularament per votar las leis e lo budgèt, Parlaments devent validar las ordenanças reialas vengúas de París) ; e sobre lo plan de las trachas (impòsts reiaus sobre la circulacion de las merchandisas, de fach, drechs de doana interiors), "reputaas estrangèiras"...

    O nos fât donc de dâtes d'afèrmiment de l'ôtoritât centrala parisièna que rejuegnont iqueles... de l'"Union" de la Bretagne (1532), vêr de l'anèxion de la Corsa (1768) !

    Du temps que de lyor coutâ lo Vivarês et lo Velê, atachiês u Lengouadoc, et u Dôfinât (qu’enclluyêt alor lo Levent liyonês jusqu'u pont de la Guilyotiére...) résteront tant qu'en 1789 cen que s’apelâve de "payis d’Ètat", o est a dére dotâs de lyors enstitucions ôtonomes prôpres (Ètats provincials dus três ôrdres rèunis règuliérement per votar les lês et lo budgèt, Parlements devent validar les ordonances royâres vegnues de Paris) ; et sur lo plan de les trètes (empôts royârs sur la circulacion de les marchandies, en fêt, drêts de douâna entèriors), "rèputâyes ètrangiéres"...

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    A l'Èst de tot aquò s'espandiá aus 15e e 16e sègles un Estat poderós, lo duchat de Savòia ; de fach, la mai bèla reünion de tèrras arpitanofònas jos una meteissa autoritat politica dempuèi la desagregacion (aus 12e-13e sègles) dau reiaume de Borgonha-Arles : otra Savòia que nosautres coneissèm avuèi, la quage totalitat de Soïssa romanda, Val d'Aosta, e la quage-totalitat egalament (endefòra de Domba) d’o que forma uèi lo despartament d'Ain (País de Gex, Bugei, Bressa), doncas lai tanben josc'a las pòrtas de Lion (de fach a pena au nòrd de la viála, a partir de Cuira, lo Franc-Lionès èra lhi-mesme savoiard josca 1475 e gardara coma la Domba vesina sos "privilègis", ‘quò es a dire sos fòrs, son autonomia administrativa e fiscala josca la Revolucion) ; en de mai de las tèrras bassas dau Piemont e dau País de Niça, "redut" de resisténcia provençala a l'envasiment de Loís d'Anjau (fraire dau rei de França), que lhi aviá fat sa "desdicion" en 1388. U Levent de tot cen s'èpatêt ux 15e et 16e sièclos un Ètat pouessient, lo duchiét de Savouè ; en fêt, la més granta rèunion de tèrres arpetanofones sot una méma ôtoritât politica depués la dècamotacion (ux 12e-13e sièclos) du royômo de Borgogne-Ârles : outre la Savouè que nosôtros cognessens houé, la quâsi totalitât de la Suisse romanda, la Vâl d'Aoûta, et la quâsi-totalitât ègalament (fôra de la Domba) d’o que fôrme houé lo dèpartament de l'En (lo Payis de Gèx, lo Bugê, la Brêsse), donc lé d’étot tant qu'a les pôrtes de Liyon (en fêt a pêna u nord de la vela, a partir de Cuira, lo Franc-Liyonês ére lui-mémo savoyâ jusqu'en 1475 et gardera come la Domba vesene sos "privilèges", o est a dére son ôtonomia administrativa et fiscala jusqu'a la Rèvolucion) ; en de més de les tèrres bâsses du Piemont et du Payis de Nice, "rèdui" de rèsistence provençâla a l'envasion de Louis d'Anjô (frâre du rê de France), que lui aviéve fêt sa "dèdicion" en 1388.

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    Chamberí, a 100 km d'aicí a pena, doncas, n’en èra la capitala avánt que ‘quela d’aquí siave transferiá a Turin en 1536 ; e l'autorota franchís avuèi la frontèira d’o qu’èra josca praticament ièr un país independent, a tot juste 70 km de Mermoz-Pinel...

    Çò que fòrma uèi Ain es conquerit militarament en 1601 solament, dessós lo rèine d'Enric IV ; de temps que Savòia pròprament dita, coma chascun o sap, ben que regularament atacaa e de còps ocupaa sos l'Ancian Regime e encara la Revolucion e Napoleon, vendrá definitivament "francesa" solament en 1860 (coma Niça), "pretz" paiat per Piemont per l'ajúa de Napoleon III a son entrepresa d'unificacion d'Itàlia jos son egida ; pura "venda" coma un vulgari sac de patatas, mas se-disent "validaa" per un plebiscit (referendom) local totalament faussat.

    Bèucòp de personas en Savòia refúson encara de reconéisser la validitat juridica de ‘questa annexion, e revendícon quora - a minima - una region pròpra destachaa de Ròse-Aups, eventualament dotaa d'un estatut particular coma Còrsa, quora purament e simplament l'independéncia...

    Chambèri, a 100 km d'iqué a pêna, donc, nen ére la capitâla avant qu’iquela-iqué sêt transfèriê a Turin en 1536 ; et l'ôtorota franchét houé la frontiére d’o qu’ére tant que praticament hièr un payis endèpendent, a tot justo 70 km de Mèrmoz-Pinèl...

    Cen que fôrme houé l’En est conquês militèrament en 1601 solament, dessot lo règno d'Henri IV ; de temps que la Savouè prôprament déta, come châcun o sât, ben que règuliérement atacâye et de côps ocupâye sot l'Ancian Règ·imo et oncora la Rèvolucion et Napolèon, vindrat dèfenitivament "francêsa" solament en 1860 (come Nice), "prix" payê per lo Piemont per l'éda de Napolèon III a son entreprêsa d'unificacion de l'Étalia sot son ègida ; pura "venta" come un vulguèro sac de patates, mas sè-desent "validâye" per un plebiscito (rèfèrendon) local totâlament fôssiê.

    Biôcôp de pèrsones en Savouè refusont oncora de recognetre la validitât juridica d’iqueta anèxion, et revendicont sêt - a minima - una règ·ion prôpra dètachiê de Rôno-Ârpes, èventuèlament dotâye d'un statut particuliér come la Corsa, sêt purament et simplament l'endèpendence...

    La Revolucion de 1789, fach relativament coneissut sens que siave insistit otra mesura dessús, a començat vèrs nosautres.

    ‘Quò es en efècte una gigantesca insurreccion populara a Grenòble, la Jornaa daus Teules, lo 7 de joenh 1788, còntra la volontat reiala de suprimir lo Parlament dau Daufinat, que condué en seguía au chastèu vesin de Visille un’assemblaa de notables locaus a demandar la reünion daus Estats generaus dau reiaume, çò que será fat l'annaa seguissenta... Se conei la seguía.

    La Revolucion es doncas pas nascúa parisenca ; pas mai, contrarament aus discors espandits a son subjècte (que siave per la celebrar o la perfendre), qu'ela es pas nascúa visceralament centralizaira.

    ‘Quò seriá mesme puslèu lo contrari. Se existeís indenegablament una volontat de racionalizar l'administracion dau reiaume, e de metre fin a d’aberracions coma per exemple ‘questas "trachas" vertadièrs drechs de doana entre províncias, çò qu'exprimisson (e chárjon lhors deputats de portar a la capitala) los casèrns de dolenças popularas, d'autánt mai que la region es periferica, es puslèu un regèt d'un poder central monarchic alara larjament afermit e en bona viá de pervenir a çò que Napoleon realizará efectivament quauquas annaas mai tard.

    Mas ailàs, en França, chaçatz lo centralisme, ‘quò revendrá au galaup.

    ‘Questa problematica, parallèlament (e lïaa) au socit permanent daus revolucionaris borgeses, "monde de bien", de contrarotlar l'explosion populara, traversará de fach tot lo periòde revolucionari josc'a qu'un pichon general còrse venga l’i metre un ponch final.

    [Interessant de legir lai-dessús : Enric Guillemin, o ben encara aicí]

    L'abolicion coma "privilègis" de totas las institucions provincialas, será evidentament mau reçaupúa dins totas las províncias perifericas ont (coma los Teules grenobleses l'avián dejà mostrat) mesme la populacion laboriosa que n’en èra (evidentament) exclusa èra estachaa a çò qu’incarnava encara lo darrièr vestigi d'independéncia passaa de la "vèlha nacion", de la patria "evidenta" de lenga e de vida sociala locala.

    Mas los despartements que lhus succedisson son censats, coma los districtes e las comunas, èsser governats per d’assemblaas localas elegías de las quentas pas rens ven precisar los limits exactes de las prerogativas dins lo cadre de las leis generalas de l'Estat... Es pas previst, de fach, deguna institucion, degun tipe de naut fonccionari incarnant l'autoritat de ‘quelo d’aquí, semblant de pròche o de loánh aus intendents e bailes reiaus de per avánt e aus prefèctes d’en seguía. De fach, la democracia locala viu ; e Friedrich Engels poirá mesme l’i veire un sègle mai tard l'origina de la "fòrça" aient permés de renversar un tròn millenari lo 10 d’áost 1792, e en seguía, de barrar la rota a las armaas d’Europa absolutista coalizaa.

    L’i será (coma se n'en seriá dobtat) sens trigar "remediat" ; d'abòrd per los sagnóses "representents en mission" de la Convencion, coma lo sinistre Fouché a Lion, puèi per los comissaris dau governament dau Directòri e enfin los prefèctes napoleonians, totjorn en plaça uèi.

    La Rèvolucion de 1789, fêt relativament cognessu sens qu’o sêt ensistâ outre mesera dessus, at comenciê vers nosôtros.

    O est en èfèt una g·igantèsca ensurrèccion populèra a Grenoblo, la Jornâ de les Tioles, lo 7 de jouen 1788, contra la volontât royâra de suprimar lo Parlement du Dôfinât, que conduit en suita u châtél vesin de Veselye un’assemblâ de notâblos locals a demandar la rèunion dus Ètats g·ènèrals du royômo, cen que serat fêt l'anâye siuguenta... Sè cognêt la suita.

    La Rèvolucion est donc pas nèssua parisièna ; pas més, contrèrament ux discors èpatâs a son sujèt (qu’o sêt per la cèlèbrar ou ben la perfendre), qu'o est pas nèssua viscéralament centralisosa.

    O serêt mémo pletout lo contrèro. Se ègziste endenéyâblament una volontât de racionalisar l'administracion du royômo, et de metre fin a d’abèrracions come per ègzemplo iquetes "trètes" veretâblos drêts de douâna entre provinces, cen qu'èxprimont (et chargiont lyors dèputâs de portar a la capitâla) los cayerns de dolèyences populères, d'atant més que la règ·ion est pèrifèrica, est pletout un rejèt d'un povêr centrâl monarch·ico alor lârjament afèrmi et en bôna vie d’avendre cen que Napolèon rèaliserat èfèctivament quârques anâyes més târd.

    Mas hèlâs, en France, chaciéd lo centralismo, o revindrat u galop.

    Iqueta problèmatica, paralèlament (et liyê) u souci pèrmanent dus rèvolucionèros borgês, "mondo de bien", de controlar l'èxplosion populèra, travèrserat en fêt tota la pèrioda rèvolucionèra jusqu'a qu'un petiôt g·ènèral corso vegne y metre un pouent final.

    [Entèrèssant de liére lé-dessus : Henri Guillemin, ou ben oncora iqué]

    L'abolicion come "privilèjos" de totes les enstitucions provinciales, serat èvidentament mâl reciua diens totes les provinces pèrifèriques onte (come les Tioles grenoblêses l'aviant dejâ motrâ) mémo la populacion laboriosa que nen ére (èvidentament) èxcllusa ére atachiê a cen qu’encarnâve oncora lo dèrriér vèstijo d'endèpendence passâye de la "vielye nacion", de la patria "èvidenta" de lengoua et de via sociala locala.

    Mas los dèpartaments que lyor succèdont sont censâs, come los districts et les comenes, étre govèrnâs per d’assemblâs locales èlues de les quintes pas ren vint prècisar les limites ègzactes de les prèrogatives diens lo câdro de les lês g·ènèrales de l'Ètat... O est pas prèvegu, en fêt, lenguna enstitucion, lengun tipo de hiôt fonccionèro encarnent l'ôtoritât d’iqueli-iqué, semblent de prés ou de luen ux entendents et balyis royârs de per avant et ux prèfèts d’en suita. En fêt, la dèmocracia locala vit ; et Friedrich Engels porat mémo y vêre yon sièclo més târd l'origina de la "fôrce" èyent pèrmês de renvèrsar un trôno milènèro lo 10 oût 1792, et en suita, de barrar la rota a les armâs de l’Eropa absolutista coalisâyes.

    O y serat (come sè nen serêt dôtâ) sens târdar "remèdiâ" ; d'abôrd per los sangllants "reprèsentants en mission" de la Convencion, come lo sinistro Fouché a Liyon, pués per los comissèros du govèrnement du Dirèctouèro et enfin los prèfèts napolèonians, tojorn en plâce houé.


     

     

    Histoire régionale

    Jornaa de las Teulas de Grenòble, joenh 1788 - Jornâ de les Tioles de Grenoblo, jouen 1788

    Los "federalistas" coma se los disiá alara, rebateiats en seguía (per Lamartine notaament) "Girondins", de fach los elegits de província estachats a las prerogativas localas, son coma totes lhors pars revolucionaris daus borgeses, estachats au drech a la proprietat e a la fortuna òbra de la Providença, sola sorsa de primautat que dega d’aicí endavánt existir. "Es pas un problèma" : lhor mesprètz per lo pichon pòble será retornat còntra d’eles per los partisans d'achavar dins la Republica l'òbra centralizaira daus rèis.

    De còps, coma aub lo briançonés Chalier a Lion, ‘quò márcha pas : lhor politica incoërenta maucontenta lo pichon pòble que los portava en trionfe encara quauquas semanas de per avánt, e son eles que fenísson guilhotinats... Avánt que la Convencion reagiguèsse per l'enviaa d'un "representent", e un massacre.

    Mas globalament, lo pichon pòble sens-braias de París en prumièr liòc, de las viálas en general, es utilizat còntra los borgeses anti-centralistas... e los païsans refractaris, coma los celèbres « Chouans » e Vendeans (veire liam dessobre) mas l’i aurá de desenas de situacions similaras pertot e tanben dins nòstra region, notaament en Savòia annexaa ; païsans qu’án pas realament vist lhor situacion chanjar aub lo reschat de las proprietats senhoralas per de notables roturièrs, e resistent en defendent lhors "republicas" vilatgesas (exemple) e lhors curats "pas-juraires" (refusant la Constitucion civila dau Clerjat) qu’èron de tot temps lhors confidents e los ponchs de referéncia de tota lhor vision dau monde.

    Apuèi, venguts inutiles en meteis temps que la menaça de las armaas estrangèiras es larjament conjuraa, los sens-braias son tot simplament jetats coma de mochaires usats, e lhors chefs de fila sincerament "de senestra" (Robespierre, Sant-Just etc.) eliminats – Termidor.

    Dessús lo plan linguistic (nosautres l’i tornarem venir mai amplament mai loánh), las chausas seguisson un’evolucion pron similara per pas dire parallèla : a la bèla tolerància de las debutas, portaa per l'entosiasme general, fàcia aus 90% de "patoasants" que còmpta l'Exagòne (l’i á pas mai que 10% de francofònes corrents e exclusius, e 25% párlon pas un mòt de francés) ; aus tribuns locaus desclamant panflets e mesme decrets dau governament revolucionari dins la lenga de lhor auditòri (coma los l’i encoratja oficialament la Constituenta en joenh 1790) ; succedisson dins los darrièrs meses de la Terror (prumièr semèstre 1794), moment crucial quand "tot se joa" de fach, los rapòrts per l'"eradicacion daus patoas" e autras "lengas dau fanatisme e de la còntra-revolucion" de Barère de Vieuzac (pluviòse, fin genièr) e de l'abat Grégoire (pradariau, joenh) ; per desbochar finalament, après l'acte de centralizacion politica e administrativa qu'á sigut la lei dau 14 de frimari anII (decembre 1793, après que ben de comunas "rebelas", "federalistas" coma Lion o Marsilha àvon estat escafaas dins lo sáng), sobre lo decret dau 2 termidor an II (20 de julhit 1794), sovent e faussament atribuït a Robespierre que será arrestat e executat una semana mai tard, mas en realitat raportat per Merlin de Douai (futur termidorian que morirá tranquillament en 1838 après una genta carrèira jos lo Directòri e l'Empèri) e inspirat daus dos precitats, e concernissent d’un autre costat pas mai que los fonccionaris publics (interdisent pas, en clar, a la populacion d'utilizar la lenga que voliá).

    A l'arribaa, la Revolucion á fat pas mai que remplaçar un’aristocracia (de linhaa, de "sáng blau") per un’autra (d'argent) e en tèrmes de centralizacion parisenca, achavar e portar a sa perfeccion un mièg-millenari de travalh monarchic. Lo 19e sègle, dins nòstra region coma dins totas las ancianas províncias, se dubrís dessós lo rèine daus prefèctes, encarnaments despartamentaus totes poderoses de l'Estat de París e daus interèsses industriaus e financièrs que ‘quelo d’aquí mesme, en son imperiala o reiala o presidenciala persona, encarna.

    ‘Quò es pas realament utile de contunhar a desrotlar sus de paragrafes e de paragrafes la linha dau temps josc'avuèi, que tot a partir de lai s'inscriu pas mai que dins la contunha.

    ‘Quò es dins ‘queste contèxte, d'en prumièr per "sòudar" las classas popularas aus nòus mèstres de l'epòca ("quand parlarán coma nosautres, pensarán coma nosautres e boijarán pasmai que dins los limits que lhus fixarem"), "farjar" la "solidaritat nacionala" francesa dins las incessantas guèrras dempuèi Napoleon josqu'en 1945 e evitar (dins la meteissa logica) las annexions de territòris per los Estats vesins sobre la basa de la lenga (coma ‘quela d'Alsàcia-Mosèla per l'Alemanha de 1871 a 1918) ; apuèi, segon los mòts de Samir Amin, jos lo "roleu barrutlaire d'un’omogeneïzacion culturala qu'es pas mai que la generalizacion de l'ideologia borgesa de l’homo consumens universalis" ; que serán a cada pauc anientaas nòstras lengas qu’anam veire iara.

    La lenga, la cultura

    Las lengas romanicas parlaas dins nòstra region provènon coma s’o sap dau latin.

    E, dins lhor evolucion josc'a se n’en destinguir totalament, consistent en quauqua sòrta en un "desgradat" d'eiloánhament mai o mens bèu d d’aquesta lenga originala, dins las sonoritats coma la gramatica.

    Lo còr de Gàllia romana, coma se sap tanben, èra çò que se disiá la Provincia, dita mai Narbonesa, d’Aups a Garona (Tolosa) e de Mediterranèa a Massís Central, aub la valaa de Ròse josc'a Viana : en d'autres tèrmes o qu’es avuèi Lengadòc, Provença e "Vivarés-Provença aupenca" lingüisticas. ‘Quò es lai que se tróbon los vestigis de las principalas ciutats galloromanas (Arle, Nimes, Aurenja, Narbona, Viana etc.).

    Lion, capitala de las TRES Gàllias (Aquitana, Lionesa e Belgica) e pas de las quatre, ‘quò es a dire pas de la Provincia que s'arrestava a Viana, joava un ròtlle d'avánt-pòste per "centralizar" la rèsta, conquería per Juli Cesar en 52 avánt Jèsus-Crist.

    ‘Quò es doncas a partir de ‘questa "matritz" de Gàllia dau Sud fòrtament romanizaa, aub son avánt-pòste lionés, que s'es difusaa pendent l'Empèri roman e encara bèucòp de temps après (l'Eglièisa prenent lo relai coma "difusor") la lenga latina dins la populacion, per balhar en se difusant e se "popularizant" entau, naissença a nòstras lengas.

    Los "fèdèralistos" come sè los apelâve alor, rebapteyês en suita (per Lamartine notâyement) "Girondins", en fêt los èlus de provincia atachiês a les prèrogatives locales, sont come tôs lyors pars rèvolucionèros, de borgês, atachiês u drêt a la propriètât et a la fortena ôvra de la Providence, sola sôrsa de primôtât que dêve d’ora en avant ègzistar. O est pas un problèmo : lyor mèpris per lo petiôt poplo serat retornâ contra lyor per los partisans d'achavonar diens la Rèpublica l'ôvra centralisosa dus rês.

    De côps, come avouéc lo briançonês Chalier a Liyon, o mârche pas : lyor politica encohèrenta mâlcontente lo petiôt poplo que los portâve en trionfo oncora quârques semanes de per avant, et son lyor que fenéssont guilyotinâs... Avant que la Convencion rèag·ésse per l'envouè d'un "reprèsentant", et un massacro.

    Mas globalament, lo petiôt poplo sens-chôces de Paris en premiér luè, de les veles en g·ènèral, est utilisâ contra los borgês anti-centralistos... et los payisans rèfractèros, come los cèlèbros « Chouyans » et Vendèyens (vêre liem dessus) mas o y arat de diézênas de situacions similères pertot et assé diens noutra règ·ion, notâyement en Savouè anèxâye ; payisans qu’ant pas rèèlament vegu lyor situacion changiér avouéc lo rachat de les propriètâts sègnoriales per de notâblos roturiérs, et rèsistent en dèfendent lyors "rèpubliques" velagêses (ègzemplo) et lyors curâs "nan-jurors" (refusent la Constitucion civila du Cllèrgiê) qu’érant de tot temps lyors confidents et los pouents de rèfèrence de tota lyor vision du mondo.

    Et pués, vegnus inutilos en mémo temps que la menace de les armâs ètrangiéres est lârjament conjurâye, los sens-chôces sont tot simplament jetâs come de mochiors usâs, et lyors ch·èfs de fila sincèrament "de gôche" (Robespierre, Sent-Justo etc.) èliminâs – Tèrmidor.

    Sur lo plan linguistico (nosôtros y tornerens vegnir més amplament més luen), les chouses siugont un’èvolucion prod similèra per pas dére paralèla : a la granda tolèrance de los dèbuts, portâye per l'entosiasmo g·ènèral, face ux 90% de "patouèsants" que compte l'Hègzagono (o y at pas més que 10% de francofonos corents et èxcllusivos, et 25% pârlont pas un mot de francês) ; ux tribuns locals dècllament panfllèts et mémo dècrèts du govèrnement rèvolucionèro diens la lengoua de lyor ôditouèro (come los y encorage oficièlament la Constituenta en juen 1790) ; succèdont diens los dèrriérs mês de la Tèrror (premiér semèstro 1794), moment crucial quand "tot se jouye" en fêt, los rapôrts per l'"èradicacion dus patouès" et ôtres "lengoues du fanatismo et de la contra-rèvolucion" de Barère de Vieuzac (pluviôse, fin genviér) et de l'âbè Grégoire (prârial, juen) ; per dèbouchiér finalament, aprés l'acto de centralisacion politica et administrativa qu'at étâ la lê du 14 de frimèro an II (dècembro 1793, aprés que ben de comenes "rebèles", "fèdèralistes" come Liyon ou Marselye èyont étâ ècafllâyes diens lo sang), sur lo dècrèt du 2 tèrmidor an II (20 j·ulyèt 1794), sovent et fôssament atribuâ a Robespierre que serat arrétâ et ègzécutâ una semana més târd, mas en rèalitât raportâ per Merlin de Douai (futur tèrmidorian que morirat tranquilament en 1838 aprés una bèla carriére sot lo Dirèctouèro et l'Empiro) et enspirâ dus doux prècitâs, et concèrnent d’un ôtro coutâ pas més que los fonccionèros publics (entèrdesent pas, en cllâr, a la populacion d'utilisar la lengoua que volyêt).

    A l'arrevâ, la Rèvolucion at fêt pas més que remplaciér un’aristôcracia (de legnâ, de "sang blu") per un’ôtra (d'argent) et en tèrmenos de centralisacion parisièna, achavonar et portar a sa pèrfèccion un mié-milènèro de travâly monarch·ico. Lo 19e sièclo, diens noutra règ·ion come diens totes les ancianes provinces, s’uvre dessot lo règno dus prèfèts, encarnacions dèpartamentales totes pouessientes de l'Ètat de Paris et dus entèrèts endustrials et financiérs qu’iqueli-qué mémo, en son emperiala ou royâra ou prèsidenciala pèrsona, encarna.

    O est pas rèèlament utilo de continuar a dèroular sur de paragrafos et de paragrafos la legne du temps jusqu’a houé, que tot a partir de lé s'enscrit pas més que diens la continua.

    O est diens iquèt contèxte, en premiér per "soudar" les classes populèras ux nôvos mêtros de l'època ("quand ils parleront come nosôtros, ils penseront come nosôtros et ils bugieront pas més que diens les limites que nosôtros lyor fixeront"), "forgiér" la "solidaritât nacionâla" francêsa diens les encèssentes guèrres depués Napolèon tant qu'en 1945 et èvitar (diens la méma logica) les anèxions de tèrritouèros per los Ètats vesins sur la bâsa de la lengoua (come iquela de l'Alzace-Mosèla per l'Alemagne de 1871 a 1918) ; et pués, d’aprés los mots de Samir Amin, sot lo "roulô damor d’un’hômôg·ènèyisacion culturèla qu'est pas més que la g·ènèralizacion de l'idêyologia borgêsa de l’homo consumens universalis" ; que seront a châ pou anèantiês noutres lengoues que nosôtros anens vêre ora.






    La lengoua, la cultura

    Les lengoues romaniques parlâyes diens noutra règ·ion provegnont come s’o sât du latin.

    Et, diens lyor èvolucion jusqu'a sè nen distingar totâlament, consistent en quârque sôrta en un "dègradâ" d'èluegnement més ou muens grant d’iqueta lengoua originâla, diens les sonoritâts come la gramère.

    Lo côr de la Gôla romèna, come sè sât tot-pariér, ére cen que s’apelâve la Provincia, déta d’atot la Narbonêsa, de les Ârpes a la Garona (Tolosa) et de la Mèditèrranê u Massif Central, avouéc la valâye du Rôno jusqu'a Vièna : en d'ôtros tèrmenos o qu’est houé lo Lengouadoc, la Provence et lo "Vivarês-Provence arpina" linguistiques. O est lé que sè trôvont los vèstijos de les principâles citâts galo-romanes (Ârles, Nimes, Orange, Narbona, Vièna etc.).

    Liyon, capitâla de les TRÊS Gôles (Aquitèna, Liyonêsa et Bèlgica) et pas de les quatro, o est a dére pas de la Provincia que s'arrétâve a Vièna, joyâve un rolo d'avant-pôsto per "centralisar" la résta, conquêsa per Julo Cèsâr en 52 avant Jèsus-Crist.

    O est donc a partir d’iqueta "matrice" de Gôla du Sud fôrtament romanisâye, avouéc son avant-pôsto liyonês, que s'est difusâye pendent l'Empiro romen et oncora biôcôp de temps aprés (l'Égllése pregnent lo relai come "difusor") la lengoua latina diens la populacion, per balyér en sè difusent et en sè "popularisent" d’ense, nèssance a noutres lengoues.

    Las províncias romanas dau Sud de Gàllia e aquí-jos, las airas lingüisticas actualas. Les provinces romènes du Sud de la Gôla et iqué-dessot, les éres linguistiques actuèles.

    Avèm doncas, dins una sòrta d'"òrdre" d'eiloánhament dau latin de las originas, lo provençal e lo lengadocian (quage similaris avuèi e encara mai fai 1000 o 1300 ans) ; los parlars nòrd-occitans parlats en Auvèrnha e au Sud de nòstra region (auvernhat e vivarò-aupenc), o encara (loánh d'aquí) lo gascon entremès Garona e Pirenèus ; los parlars arpitans ; e enfin los dialèctes d'oïl de los quents lo mai coneissut es lo francés.

    Dins nòstra region, fixar entre un vilatge e un autre la "frontèira" lingüistica entre parlars d'òc e arpitans es pas totjorn evident : se vai de còps regardar de ponchs relativament de detalh, taus que la prononciacion o pas daus s finaus, o ben un usatge mai frequent daus pronoms personaus dins la conjugason (exemple dau Forés).

    ‘Quò es que totas las lengas, totes los dialèctes e parlars romans án una zona que se qualificará de "centrala", ont son parlats de manèira digam "pura", e tot a l’entorn de zonas de transicion aub lhors vesins (tánt ben que, contrarament a la legenda francesa, ‘quò es pas verai que s’es "pas mai comprés d'un vilatge a l'autre" : per aver de dificultat a se comprendre, chaiá prendre daus vilatges a plusors centenaas de quilomètres de distància). ‘Quò es solament aub de lengas pas-romanas (coma au País Basc, en Alsàcia o en Bretanha, mas pas vèrs nosautres) qu'una frontèira "neta" pòt èsser traçaa.

    Durant lo procèssus de dissociacion dau latin, que se pòt far anar de la chaiúa de l'Empèri au 5e sègle josc'au 11e mesmament 12e, existiá pòt-èsser, entre la lenga d'òc naissenta entremès Massís Central e Mediterranèa e la lenga d'oïl alara ben mai au nòrd que uèi (pas dejós de Lèira e de Langres o Belfòrt : linha Von Wartburg), una "banda" d’o que l'istorian e lingüista auvernhat P. Bonnaud á apelat "medioromanic", un "desgradat" d'evolucion dau latin intermediari entremès las doas.

    ‘Quò es, fòrça possiblament, la lenga que se torna trobar dins los famóses Sagraments d’Estrasborg de 842, presentats dins lo roman nacional tricolòr coma "l'acte de naissença dau francés" : ‘quò es pas de latin, e sens dobte tròp pas de latin per èsser çò que se parlava alara en Provença o en Septimània (Lengadòc) ; mas ‘quò es clarament pas mai la lenga que se troba dins un autre document d'a pena 40 ans mai tard (çò que rend impossibla la tèsi d'un’evolucion), la Sequéncia de Sant’Aulàlia, redigía quánt a ela dau costat de Valencianas dins lo Nòrd.

    ‘Quò es en efècte tot levat a exclaure, au regard de las regions de las quentas son paire lhi aviá confiaa l'administracion, e en tèrmes d'importància de la populacion e de tèrras laurables (doncas de domenis, e de sénhers de ‘queles d’aquí...), qu'èra de ‘questa "bánda" que veniá la bèla majoritat daus guerrièrs de Chárles lo Chauve aus quents son fraire Loís lo Germanic s'adreiçava e que lhi respondián dins ‘questa lenga, la lhor.

    Per la seguía, se sap, l'oïl á "possat" relativament loánh au sud de Lèira, "annexant" quagement tota la Borgonha e mai de la meitat de la Francha-Comtat ; mas tanben, e mesme avánt aquò, lo prestigi de la lenga daus trobadors á considerablament "occitanizat" los parlars de Lemosin e d'Auvèrnha (que dependián dau duchat d'Aquitània), en sáuent que coma o mòstron los estudis de Bonnaud ele-mesme, l'òc lengadocian pròprament dit á "possat" au sud dempuèi la valaa d’Òut (se ‘quò èra pas carraament de Tarn) josc'a las actualas frontèiras sud d'Auvèrnha e mesme josc'a Orlhac, que parla un occitan lengadocian e pas auvernhat. Çò que correspònd d'alhors a la logica de "bacin" fluvial... e economic tornat vèrs Garona.

    Mentre que l'arpitan, ben que severament amputat d'una bèla part de son aira d'extension originala (en Borgonha e Francha-Comtat), es restat l'arpitan dins son bacin tributari de las metropòlis medievalas qu'èron Lion, Viana o encara Genèva.

    Nosôtros avens donc, diens una sôrta d'"ôrdre" d'èluegnement du latin de les origines, lo provençâl et lo lengouadocien (quâsi similèros houé et oncora més o fât 1000 ou 1300 ans) ; los parlars nord-occitans parlâs en Ôvèrgne et u Sud de noutra règ·ion (ôvèrgnat et vivarô-arpin), ou ben oncora (luen d'iqué) lo gascon entre-mié la Garona et los Pirènês ; los parlars arpetans ; et enfin los dialèctes d'oly dus quints lo més cognessu est lo francês.

    Diens noutra règ·ion, fixar entre un velâjo et un ôtro la "frontiére" linguistica entre parlars d'oc et arpetans est pas tojorn èvident : sè vat de côps regardar de puents relativament de dètaly, tâlos que la prononciacion ou pas dus s finals, ou ben un usâjo més frèquent dus pronoms pèrsonals diens la conj·uguèson (ègzemplo du Forês).

    O est que totes les lengoues, tôs los dialèctes et parlars romanicos ant una zona que sè qualifierat de "centrala", onte sont parlâs de maniére desens "pura", et tot utôrn de zones de transicion avouéc lyors vesins (tant ben que, contrèrament a la lègenda francêsa, o est pas veré que s’est "pas jamés comprês d'un velâjo a l'ôtro" : per avêr de dificultât a sè comprendre, chalêt prendre de velâjos a plusiors centênes de kilomètres de distance). O est solament avouéc de lengoues nan-romaniques (come u Payis Basco, en Alzace o en Bretagne, mas pas chiéz nosôtros) qu'una frontiére "nèta" pôt étre traciê.

    Durent lo procèssus de dissociacion du latin, que sè pôt fâre anar de la chête de l'Empiro u 5e sièclo tant qu'u 11e vêr 12e, ègzistêt pôt-étre, entre la lengoua d'oc nèssenta entre-mié lo Massif Central et la Mèditèrranê et la lengoua d'oly alor ben més u nord qu’houé (pas dessot de la Lêre et de Langres ou Bélfôrt : legne Von Wartburg), una "benda" d’o que l'historien et linguisto ovèrgnat P. Bonnaud at apelâ "mèdioromanico", un "dègradâ" d'èvolucion du latin entèrmèdièro entre-mié les doves.

    O est, franc possiblament, la lengoua que sè torna trovar diens los famox Sèrments d’Estrâbôrg de 842, presentâs diens lo roman nacionâl tricolor come "l'acto de nèssance du francês" : o est pas de latin, et sens dôto tròp pas de latin per étre cen que sè parlâve alor en Provence ou en Sèptimania (Lengouadoc) ; mas o est cllârament pas més la lengoua que sè trôva diens un ôtro document d'a pêna 40 ans més târd (cen que rend empossibla la tèsa d'un’èvolucion), la Sèquence de Sent’Elalia, rèdigiê quant a ela du coutâ de Valenciènes diens lo Nord.

    O est en efèt tot sârvo a èxcllure, u regârd de les règ·ions de les quintes son pâre lui aviéve confiâ l'administracion, et en tèrmenos d'importance de la populacion et de tèrres laborables (donc de domênos, et de sègnors d’iquelos-iqué...), qu'ére d’iqueta "benda" que vegnêt la granta maj·oritât dus guèrriérs de Charlo lo Chôvo ux quints son frâre Louis lo Gèrmanico s'adrèciéve et que lui rèpondévont diens iqueta lengoua, la lyor.

    Per la suita, o sè sât, l'oly at "bouciê" relativament luen u sud de la Lêre, "anèxent" quâsiment tota la Borgogne et més de la mêtiêt de la Franche-Comtât ; mas tot-pariér, et mémo avant cen, lo prèstijo de la lengoua dus trovadours at considèrâblament "occitanisâ" los parlars du Limosin et de l'Ôvèrgne (que dèpendévont du duchiét d'Aquitèna), en sachent que come o motron les ètudes de Bonnaud lui-mémo, l'oc lengouadocien prôprament dét at "bouciê" u sud depués la valâye du Lot (se o ére pas carrâyement du Tarn) jusqu'a les actuèles frontiéres sud de l'Ôvèrgne et mémo jusqu'a Ôrilyac, que pârle un occitan lengouadocien et pas ôvèrgnat. Cen que corrèspond d'alyor a la logica de "bassin" flluvial... et èconomico tornâ vèrs la Garona.

    Tandio que l'arpetan, ben que sevèrament amputâ d'una granta pârt de son ére d'èxtension originâla (en Borgogne et en Franche-Comtât), est réstâ l'arpetan diens son bassin tributèro de les mètropoles mèdièvales qu'érant Liyon, Vièna ou oncora Genèva.

    La "banda medioromanica" a l’Edat-Mejana Nauta segon P. Bonnaud (burèu : proto-lemosin, verd : proto-auvernhat, violet : proto-arpitan, blau-verd : proto-vivaroaupenc). Aquí-dejós, las airas actualas. La "benda mèdioromanica" u Hiôt Meyen-Âjo selon P. Bonnaud (buriô : proto-limosin, vèrd : proto-ôvèrgnat, violèt : proto-arpetan, blu-vèrd : proto-vivaroarpin). Iqué-sot, les éres actuèles.

    Histoire régionale

    Ben entendut, se nos plaçam a la començança dau millenari darrièr (11e-12e sègles), totas ‘questas lenguas son pas l'occitan o l'arpitan taus que tentam de las sauvar avuèi, mas de formas ancianas, "proto"... Lhors grads de diferenciacion, o au contrari de parentat, son pas exactement los meteisses qu'avuèi ; pas mai que la classificacion que n’en pot èsser fata es ‘quela de nòstros lingüistas actuaus.

    Entau l'Òrdre daus Ospitalièrs de Jerusalèm, fondat en 1113 durant las Crosaas, classifica sos monges-chavalièrs per "Lengas", çò que vòu dire çò que vòu dire : las lenguas que pàrlon e que lhus perméton de se comprendre entremès eles.

    Lenga d'Itàlia, Lenga d'Alemanha, Lenga d'Anglatèrra, Lenga de Castilha etc. ; e per o qu’es avuèi França, la Lenga de França per las comandariás dau Bacin parisenc (un priorat d'Aquitània creat en 1315 l’i ajustará las nòvas conquistas dau sègle escorrut : Peitau, Anjó, Santonge... solament de tèrras d'oïl), la Lenga de Provença per Provença e Lengadòc... e una Lenga d'Auvèrnha de la quenta dependián "Auvèrhna e Velai, Lemosin, Márcha, Berric, lo sud d'Orleanés, Borbonés, lo sud de duchat de Borgonha e Bugei, Francha-Comtat, Lionés e Forés, lo nòrd de Daufinat, lo nòrd de Savòia e la part oèst de Soïssa", autrament dit, tota l'aira actuala daus parlars nòrd-occitans e arpitans (+ quauques territòris oïlizats dempuèi), e de fach la totalitat de nòstra bèla region.

    Tot en establissent un distinguò aub la lenga de las ribas de Mediterranèa, ‘quò es doncas notable aquí que la region ont vivèm èra pas consideraa (lingüisticament) coma "França" an-aquela epòca... e encara de temps après puèi que l'Òrdre aub totas sas "Lengas", de las quentas ‘quela d’aquí e ‘quela "de Provença", existiá encara tau quent en 1500, avánt de venir çò que se conei avuèi coma l'Òrdre de Malta.

    Una lenga que, dau temps qu'en òc s'esbaudissiá la civilizacion daus trobadors, èra pas en rèsta de literatura escriuta ; coma aub, vèrs 1300, la chartrosa Margarida d'Oingt :

    « Quant vit co li diz vicayros que ay o coventavet fayre, ce alyet cela part et en ot mout de dongiers et de travayl, ancis que cil qui gardont lo lua d’Emuet li volissant layssyer co que il demandavet et que li evesques de Valenci o volit commandar. Totes veys yses com Deus o aveyt ordonat oy se fi. »

    (Li Via seiti Biatrix, virgina de Ornaciu - Vida de Santa Beatritz d'Ornaciu)

    E mesme, comprés, una lenga judiciària e administrativa coma aub Còdi de drech civil atestat a Grenòble au 13e sègle ; venent au 14e la lenga oficiala de la viála-republica (futur canton soïsse) de Friborg :

    « Item hont ordoney li advoye, li consed et li ijc, que en chesque for de Fribor soyt li moistre et un bacheleir et ij. garzons por porteir l’aygue et les meiz in ce que un dont por chasque coppa de farina .iiij. d. por tottes choses et chascon reculle sa farina einsy quant a luy playrra de que chasque forna doyt contenir vij. coppes, li que forna se amonte ij. s. iiij. d. a vij. coppes de farina. » (vers 1370)

    O ben encara, dins lo contèxte de las guèrras entre Genèva calvinista e los ducs catolics de Savòia, ‘questo poèma de 1603 vengut l'imne de la ciutat :

    Cé qu’è lainô, le Maitre dé bataille,
    Que se moqué et se ri dé canaille ;
    A bin fai vi, pè on desande nai,
    Qu’il étivé patron dé Genevoi.

    I son vegnu le doze de dessanbro
    Pè onna nai asse naire que d’ancro ;       
    Y étivé l’an mil si san et dou,
    Qu’i veniron parla ou pou troi tou.

    Pè onna nai qu’étive la pe naire
    I veniron ; y n’étai pas pè bairè ;
    Y étivé pè pilli nou maison, 
    Et no tüa sans aucuna raison.

    Cèrtas, lo francés gauirá au 18e e encara 19e sègle d'un prestigi internacional enòrme e mesme otra çò que relevava dau reiaume, coma a Païsses-Basses austriacs futura Belgica, tendrá a èsser adoptat coma lenga administrativa e de la borgesiá e dins los cantons soïsses romands coma en Savòia e en Val d'Aosta... L'arpitan restant çai-que-lai, pasmens, la lenga de las larjas massas popularas josca tard e encara uèi per 15% de la populacion valdostenca e una bona part daus Soïsses romands (que párlon de "patoas" sens l’i metre la conotacion pejorativa d'aicí).

    Cossí que siave, se son entau a travèrs los sègles, dins los "bacins" de vida sociala e economica comuna, farjaas nòstras lengas ; que ‘quò es entau (scientificament) que se fárjon tot coma los pòbles que ván aub elas.

    De lengas parlaas per aquestos pòbles, pas aus "temps medievaus escurs" mas encara (fòrça larjament) fai pas gaire mai d'un sègle.

    Una seria d'enquèstas menaas de la Revolucion josc'a la fin dau 19e sègle èra en efècte sens equivòc : autánt tard qu’aquò, segon los despartements, mai de 40% e de còps josc'a 80 o 90% de la populacion parlava pas, o ben fòrça somarament francés.

    http://ekladata.com/Diffusion d'une langue nationale et résistance des patois en France au XIXe siècle.pdf

    Pas francés aquò es a dire monolingües dins un’autra lenga ; mas en comptant lo monde parlant lhor lenga e lo francés coma ben d'entre nosautres pòion avuèi mestreiar l'anglés (per exemple), de fach, mai de 90% daus abitants de l'Exagòne a l'epòca parlava encara correntament las lengas "regionalas", las lengas realas dau pòble, a l'excepcion d'un pichon estrat de notables.

    A Lion mesme, fai encara 200 o mesme 150 ans, se parlava arpitan lionés o ben un parlar basat dessús e a pena afrancesat. Joan Cotton, poèta en parlar arpitan, demorava entre 1800 e 1866 a Caluire. Caluire, aquò es pas au sond-sond de Bugei o de Savòia annexaa en 1860 solament : aquò es a las pòrtas de Lion... Contemporanèu, Guilhem Roquille (1804-1860) èra un obrièr ferblanquièr de Riba-de-Gièr, juste après Givòrs en direccion de Sant-Estève (de Lèira).

    Los celèbres Canuts de las annaas 1830 parlàvon pas aure que l'arpitan lionés, dau quent lo mòt mesme èra d'alhors eissit (de la cana, utilizaa per lo teissum dau teissatge de la sea).

    [Legir a ‘queste subjècte, per exemple : collectage en domaine francoprovençal.pdf]

    ‘Quò va de se que ‘quò d’aquí laissa aisïament presumir o que poiá èsser la situacion lingüistica dins las campanhas pregondas, los vilatges de montanha...

    Aub sa florissenta industria en desvolopament, l'anciana capitala de Gàllias èra d’un autre costat autanlèu lo 18e sègle la destinacion d’un’importanta immigracion de travalh de lenga d'òc, principalament vivarò-aupenca (d'Ardecha josc'a la cresta d’Aups). Una teoria possibla d'alhors, a prepaus de la fulguranta ascension puèi chaiúa de Chalier a la primavera de 1793, dau quent avèm parlat mai d’ennaut, es que ‘quò d’aquí, carraament natiu de l'Escarton d'Ors (avuèi en Itàlia) e a ‘questo títol fervent republican (los Escartons de Briançonés èron de pichonas republicas montanhòlas ben democraticas un pauc coma los cantons soïsses), se siave apiejat dessús aquesto proletariat immigrat vivarés e aupenc auquent s'adreiçava dins sa lenga ; e turtat a una pichona borgesiá e un pichon pòble lionés mai establit e "de socha", de lenga arpitana e (an-aquesta epòca, avánt los violents conflictes dau sègle seguissent) fidèle a sos notables ; un pauc dins la mesma logica que uèi sòuda los "Franceses de socha" a lhors dirigents fàcia aus immigrats... Finissent entau renversat e guilhotinat, avánt que lo Comitat de Seüretat Generala dau bèu proprietari e vendut gascon Barère de Vieuzac envèia lo triste òme Fouché devastar la viála en represalhas e se n'en metre accessòriament plen dins las pòchas, se constituissent entau un gent pichon bas de lána au servici de sas ambicions politicas (fenirá Prumèira arpeta de Napoleon).

    Aquestas enquèstas dau 19e sègle, se nos fornisson avuèi de donaas preciosas, èron evidentament a l'epòca menaas dins una ben trista perspectiva : evaluar la progression e la generalizacion dau francés dins las categoriás popularas.

    Lo francés qu’es mesme pas en veritat una lenga d'oïl "entremès d'autras", que auriá "reüssit", mas un sociolècte "nòble" farjat dessús aquesta basa d'oïl entre lo 16e e lo 18e sègle per se distinguir dau "bas pòble" (es quand las lengas de ‘quò d’aquí comencèron a èsser renveiaas a de vulgaris "patoas", parlars de "pèterróses" ignorants, sens que siave pas alara lo mens dau monde question de los lhus enlevar, què coma se n'en distinguir alara ?)... Josc'a que los borgeses revolucionaris de 1789, a la testa de lhor "Nacion" autoproclamaa, se méton en testa de le generalizar dau temps qu’aquò èra a l'origina (aub son ermetisme, son ortografia anti-fonetica au possible etc.) fat per lo contrari.

    S'agissiá pas solament aquí de generalizar, dins un bèu Estat unificat, una lenga veïculara d'intercompreneson sus un vaste territòri – perqué pas, sens que, coma l'alemand estandard vèrs nòstres vesins alemands o soïsses, ‘quò conduga nulament a la disparicion de dialèctes popularis locaus. Mas ben d'una logica de sòudar los ciutadans a lhors dirigents dins una "comunitat nacionala" ont puèchon èsser explotats sens bronchar e respòndre a l'apeu en cas de guèrra (que pauc de generacions alara coneissián pas) ; d'evitar (‘quò es relativament clar, entre las linhas, dins los rapòrts de Barère e de l'abat Grégoire en 1793-94) que la consciéncia colectiva que farja la pratica comuna d'una lenga venga aicí e lai ferment de resisténcia a l'autoritat centrala ; o encara, qu'una lenga de la familha de ‘quelas d'un Estat vesin ne puèche servir las revendicacions d'annexions territorialas d’aquèu d’aquí - après que ‘quò se siave produt en Alsàcia-Mosèla, la politica d'imposicion dau francés se deschainará dins totas las direccions.

    La resisténcia de las lengas istoricas, malgrat una certana generalizacion de l'usatge dau francés (bilingüisme) au començament dau 20e sègle, será pasmens solide e tardiva, d'autánt mai que coma s’es dit, contrarament a l'anglés (qu’á larjament fat disparèisser las autras lengas dins son archipeu), la lenga de l'Acadèmia èra pas veraiament servía per sa simplicitat. La generacion nascúa dins las annaas 1920 las coneissiá e praticava encara fòrça larjament, autánt ben en Bretanha, en Gasconha, en Lengadòc o en Còrsa coma dins nòstra region.

    ‘Quò es en fach sobretot, coma dejà s’á pogut o explicar, un fenomene de la seconda meitat dau sègle darrièr (1950-80), dins un contèxte d'exòdi rurau massiu e de desvolopament d’o que certans geo-sociològues sònan la "metropòli mondializaa", qu’á vist lhor reculaa josc'a èsser menaçaas de disparicion totala ; au travèrs d'una vergonha (vergonha de las parlar en public, refús de las transmetre a sos mainats) dejà inculcaa per los ussards negres de Juli Ferry mas encara renforçaa, dins ‘queste contèxte de las Trenta Gloriosas e sas perspectivas (alara ben realas) de promocion sociala e d'accès a la societat de consumacion, per ‘questo tristament famós sentiment que "’quò servís pas a rens" mesmament qu'elas serián un "andicap".

    Dins los bèus centres industriaus "braçants" coma Lion o Sant-Estève de Lèira (coma mai au sud, tipicament, Marsilha) avián pogut se desvolopar de parlars "franceses regionaus", o puslèu "franpitans" e "francitans", mesclant alègrament lenga de Molière, lenga istorica locala e eventualament d’apòrts estrangièrs (italians etc.).

    Mas iara, mesme ‘quelos d’aquí recúlon, face a la gentryficacion generalizaa e l’"emparisenquizacion" definitiva (pas de biais coma de chançons de Renaud, mas de biais coma Chámps-Eliseus !) dau francés parlat. E aub eles las darrèiras traças de nòstras lengas e de ‘questa gloriosa istòria que venèm de veire, e que pòrton en elas...

    Ben entendu, se nosôtros nos placiens u comencement du milènèro dèrriér (11e-12e sièclos), totes iquetes lengoues sont pas l'occitan ou l'arpetan tâlos que nosôtros tentens de les sârvar houé, mas de fôrmes ancianes, "proto"... Lyors degrâs de difèrenciacion, ou ben u contrèro de parentâ, sont pas ègzactament los mémos qu'houé ; pas més que la cllassificacion que nen pôt étre fêta est iquela de noutrons linguistos actuèls.

    D’ense l'Ôrdre dus Hospitaliérs de Jèrusalèm, fondâ en 1113 durent les Crouesâdes, cllassifie sos mouénos-chevaliérs per "Lengoues", cen que vôt dére cen que vôt dére : les lengoues qu’ils pârlont et que lyor pèrmètont de sè comprendre entre-mié lyor.

    Lengoua d'Étalia, Lengoua d'Alemagne, Lengoua d'Anglletèrra, Lengoua de Castilye etc. ; et per cen qu’est houé la France, la Lengoua de France per les comanderies du Bassin parisien (un priorât d'Aquitèna crèâ en 1315 y aj·outerat les novèles conquétes du sièclo ècolâ : lo Pouètou, l’Anjô, la Santonge... solament de tèrres d'oly), la Lengoua de Provence per la Provence et lo Lengouadoc... et una Lengoua d'Ôvèrgne de la quinta dèpendévont "l’Ôvèrgne et lo Velê, lo Limosin, la Mârche, lo Bèrri, lo sud de l'Orlèanês, lo Borbonês, lo sud du duchiét de Borgogne et lo Bugê, la Franche-Comtât, lo Liyonês et lo Forês, lo nord du Dôfinât, lo nord de la Savouè et la pârt du cuchient de la Suisse", ôtrament dét, tota l'ére actuèla dus parlars nord-occitans et arpetans (+ quârques tèrritouèros olyisâs depués), et en fêt la totalitât de noutra granta règ·ion.

    Tot en fasent lo distingô avouéc la lengoua de les rives de la Mèditèrranê, o est donc notâblo iqué que la règ·ion onte nosôtros vivens ére pas considèrâye (linguisticament) come la "France" en iquela època... et oncora de temps aprés puésque l'Ôrdre avouéc totes ses "Lengoues", de les quintes iquela-iqué et iquela "de Provence", ègzistêt oncora tâlo quint en 1500, avant de vegnir cen que sè cognêt houé come l'Ôrdre de Malta.

    Una lengoua que, du temps qu'en oc s'èpanouyéssêt la civilisacion dus trovadours, ére pas en résta de litèratura ècrita ; come avouéc, vèrs 1300, la chartrosa Marguerita d'Oingt :

    « Quant vit co li diz vicayros que ay o coventavet fayre, ce alyet cela part et en ot mout de dongiers et de travayl, ancis que cil qui gardont lo lua d’Emuet li volissant layssyer co que il demandavet et que li evesques de Valenci o volit commandar. Totes veys yses com Deus o aveyt ordonat oy se fi. »

    (Li Via seiti Biatrix, virgina de Ornaciu - Via de Senta Bèatrice d'Ornaciox)

    Et mémo, comprês, una lengoua judicièra et administrativa come avouéc Côde de drêt civilo atèstâ a Grenoblo u 13e sièclo ; vegnent u 14e la lengoua oficièla de la vela-rèpublica (futur canton suisso) de Fribôrg :

    « Item hont ordoney li advoye, li consed et li ijc, que en chesque for de Fribor soyt li moistre et un bacheleir et ij. garzons por porteir l’aygue et les meiz in ce que un dont por chasque coppa de farina .iiij. d. por tottes choses et chascon reculle sa farina einsy quant a luy playrra de que chasque forna doyt contenir vij. coppes, li que forna se amonte ij. s. iiij. d. a vij. coppes de farina. » (vers 1370)

    Ou ben oncora, diens lo contèxte de les guèrres entre la Genèva calvinista et los ducs catolicos de Savouè, iquèt poèmo de 1603 vegnu l'himno de la citât :

    Cé qu’è lainô, le Maitre dé bataille,
    Que se moqué et se ri dé canaille ;
    A bin fai vi, pè on desande nai,
    Qu’il étivé patron dé Genevoi.

    I son vegnu le doze de dessanbro
    Pè onna nai asse naire que d’ancro ;      
    Y étivé l’an mil si san et dou,
    Qu’i veniron parla ou pou troi tou.

    Pè onna nai qu’étive la pe naire
    I veniron ; y n’étai pas pè bairè ;
    Y étivé pè pilli nou maison,
    Et no tüa sans aucuna raison.

    Cèrtes, lo francês jouyirat u 18e et oncora 19e sièclo d'un prèstijo entèrnacionâl ènormo et mémo outre cen que relèvâve du royômo, come ux Payis-Bâs ôtrichiens futura Bèlgica, tendrat a étre adoptâ come lengoua administrativa et de la borgèsie et diens los cantons suissos romands come en Savouè et en Vâl d'Aoûta... L'arpetan réstent pertant, cependent, la lengoua de les lârjes masses populères jusqu’a târd et oncora houé per 15% de la populacion vâldotèna et una bôna pârt dus Suissos romands (que pârlont de "patouès" sens y metre la conotacion pèj·orativa d'iqué).

    Come qu’o sêt, sè sont d’ense a travèrs los sièclos, diens los "bassins" de via sociala et èconomica comena, forgiês noutres lengoues ; qu’o est d’ense (scientificament) que sè forgiont tot come los poplos que vant avouéc eles.

    De lengoues parlâyes per iquetos poplos, pas ux "temps mèdièvals escurs" mas oncora (franc lârjament) o fât pas gouéro més d'un sièclo.

    Una sèria d'enquétes menâyes de la Rèvolucion jusqu'a la fin du 19e sièclo ére en èfèt sens èquivôco : atant târd que cen, selon los dèpartaments, més de 40% et de côps jusqu'a 80 ou 90% de la populacion parlâve pas, ou ben franc somèrament francês.

    http://ekladata.com/Diffusion d'une langue nationale et résistance des patois en France au XIXe siècle.pdf

    Pas francês o est a dére monolinguos diens un’ôtra lengoua ; mas en comptent les gens parlent lyor lengoua et lo francês come ben d'entre nosôtros pôviont houé mêtrisar l'anglês (per ègzemplo), en fêt, més de 90% dus habitents de l'Hègzagono a l'època parlâve oncora corentament les lengoues "règ·ionales", les lengoues rèèles du poplo, a l'èxcèpcion d'una petiôda cuche de notâblos.

    A Liyon mémo, o fât oncora 200 ou mémo 150 ans, sè parlâve arpetan liyonês ou ben un parlar basâ dessus et a pêna francisâ. Joan Cotton, poèto en parlar arpetan, habitâve entre 1800 et 1866 a Calouére. Calouére, o est pas u fond-fond du Bugê ou de la Savouè anèxâye en 1860 solament : o est a les pôrtes de Liyon... Contemporen, Guilyôme Roquille (1804-1860) ére un ovriér fèr-blantiér de Vargiérs, justo aprés Givôrs en dirèccion de Sant-Etiève (de Lêre).

    Los cèlèbros Canuts de les anâyes 1830 parlâvont pas ôtra chousa que l'arpetan liyonês, du quint lo mot mémo ére d'alyor sorti (de la cana, utilisâye per la trama du tessâjo de la sèya).

    [Lére a iquèt sujèt, per ègzemplo : collectage en domaine francoprovençal.pdf]

    O vat de sè que cen-iqué lèsse ésiêment prèsumar o que poviêt étre la situacion linguistica diens les campagnes provondes, los velâjos de montagne...

    Avouéc sa fllorissenta endustria en dèvelopament, l'anciana capitâla de les Gôles ére d’un ôtro coutâ dês lo 18e sièclo la dèstinacion d’un’importanta imigracion de travâly de lengoua d'oc, principâlament vivaro-arpina (d'Ardèche tant qu'a la crèta de les Ârpes). Una tèoria possibla d'alyor, a propôs de la fulgurenta ascension pués chête de Chalier u printemps de 1793, du quint nosôtros avens parlâ més en-hiôt, est qu’iqueli-qué, carrâyement natif de l'Èscarton d'Oulx (houé en Étalia) et a iquèt titro fèrvent rèpubliquen (los Èscartons de Briançonês érant de petiôdes rèpubliques montagnârdas ben dèmocratiques un pou come los cantons suissos), sè sêt apoyê dessus iquèt prolètariât imigrâ vivarês et arpin uquint s'adrèciéve diens sa lengoua ; et turtâ a una petiôda borgèsie et un petiôt poplo liyonês més enstalâ et "de cepon", de lengoua arpetana et (en iqueta època, avant los violents confllits du sièclo siuguent) fidèlo a sos notâblos ; un pou diens la méma logica que houé soude los "Francês de cepon" a lyors dirigients face ux imigrâs... Fenessent d’ense renvèrsâ et guilyotinâ, avant que lo Comitât de Sècuritât G·ènèrala du grant propriètèro et vendu gascon Barère de Vieuzac enveye lo tristo home Fouché dèvastar la vela en reprêsalyes et sè nen metre accèssouèrament plen diens les fates, sè constituent d’ense un biô petiôt bâs de lana u sèrvicio de ses ambicions politiques (fenitrat Premiér policiér de Napolèon).

    Iquetes enquétes du 19e sièclo, se eles nos fornissont houé de donâyes prècioses, érant èvidentament a l'època menâyes diens una ben trista pèrspèctiva : èvaluar la progrèssion et la g·ènèralisacion du francês diens les catègories populères.

    Lo francês qu’est mémo pas en veretât una lengoua d'oly "entre-mié d'ôtres", qu’arêt "rèussi", mas un sociolècte "nôblo" forgiê dessus iqueta bâsa d'oly entre lo 16e et lo 18e sièclo per sè distingar du "bâs poplo" (o est quand les lengoues de cen-iqué comenceront a étre renveyês a de vulguèros "patouès", parlars de "cul-tèrrox" ignorants, sens qu’o sêt pas alor lo muens du mondo quèstion de los lyor enlevar, câr come sè nen distingar alor ?)... Tant qu'a que los borgês rèvolucionèros de 1789, a la téta de lyor "Nacion" autoprocllamâye, sè mètont en téta de lo g·ènèralisar du temps qu’o ére a l'origina (avouéc son hèrmètismo, son ortografia anti-fonètica u possiblo etc.) fêt per lo contrèro.

    O s'ag·essiêt pas solament iqué de g·ènèralisar, diens un grant Ètat unifiâ, una lengoua vèhiculèra d'entèrcomprèhension sur un vâsto tèrritouèro – perquè pas, sens que, come l'alemand standard chiéz noutrons vesins alemands ou ben suissos, o conduiseye nulament a la disparicion de dialèctes populèros locals. Mas ben d'una logica de soudar los citoyens a lyors dirigients diens una "comunôtât nacionâla" onte pouessont étre èxplouètâs sens bronchiér et rèpondre u recllam en câs de guèrra (que pou de g·ènèracions alor cognessant pas) ; d'èvitar (o est relativament cllâr, entre les legnes, diens los rapôrts de Barère et de l'âbè Grégoire en 1793-94) que la conscience colèctiva que forge la pratica comena d'una lengoua vegne iqué et lé fèrment de rèsistence a l'ôtoritât centrala ; ou ben oncora, qu'una lengoua de la famelye d’iqueles d'un Ètat vesin pouesse sèrvir les revendicacions d'anèxions tèrritoriales d’iqueli-qué - aprés que cen sè sêt produi en Alzace-Mosèla, la politica d'emposicion du francês sè dèchênerat diens totes les dirèccions.

    La rèsistence de les lengoues historiques, mâlgrât una cèrtêna g·ènèralisacion de l'usâjo du francês (bilinguismo) u comencement du 20e sièclo, serat cependent solida et tardiva, d'atant més que come o s’est dét, contrèrament a l'anglês (qu’at lârjament fêt disparêtre les ôtres lengoues diens son arch·ipèl), la lengoua de l'Acadèmia ére pas verément sèrvia per sa simplicitât. La g·ènèracion nèssua diens les anâyes 1920 les cognessêt et praticâve oncora franc lârjament, atant ben en Bretagne, en Gascogne, en Lengouadoc ou ben en Corsa come diens noutra règ·ion.

    O est en fêt surtot, come dejâ s’at povu o èxplicar, un fènomèno de la segonda mêtiêt du sièclo dèrriér (1950-80), diens un contèxte d'ègzodo rural massif et de dèvelopament d’o que cèrtens gèo-sociologos apèlont la "mètropola mondialisâye", qu’at vegu lyor reculâ jusqu'a étre menaciês de disparicion totâla ; u travèrs d'una vèrgogne (vèrgogne de les parlar en public, refús de les transmetre a sos megnâts) dejâ encurcâye per los hussârds nêrs de Julo Ferry mas oncora renforciê, diens iquèt contèxte de les Trenta Gllorioses et ses pèrspèctives (alor ben rèèlas) de promocion sociala et d'accès a la sociètât de consomacion, per iquèt tristament famox sentiment que "o sèrt pas a ren" vêr qu'eles seriant un "handicapo".

    Diens los grants centres endustrials "bracients" come Liyon ou Sant-Etiève de Lêre (come més u sud, tipicament, Marselye) aviévont povu sè dèvelopar de parlars "francês règ·ionals", ou ben pletout "franpetans" et "francitans", mècllent alégrament lengoua de Molière, lengoua historica locala et èventualament d’apôrts ètrangiérs (étaliens etc.).

    Mas ora, mémo iquelos-iqué reculont, face a la g·entryficacion g·ènèralisâye et la "parisianisacion" dèfenitiva (pas de biès come de chançons de Renaud, mas de biès come los Champs-Èlisês !) du francês parlâ. Et avouéc lyor les dèrriéres traces de noutres lengoues et d‘iqueta glloriosa histouère que nosôtros vegnens de vêre, et qu’eles pôrtont en eles...

     

    La metropolizacion dins las annaas 2010. Nòstra region apareís, de fach, totalament "devoraa" per la periurbanitat... Que "tua" tota vida sociala de vilatge, de quartièr : la disparicion quage-totala de nòstras lengas popularas istoricas es tanben l'abotiment ultime de ‘quèu mesme procèssus. La mètropolisacion diens les anâyes 2010. Noutra règ·ion aparêt, en fêt, totâlament "dèvorâye" per la pèriurbanitât... Que "tue" tota via sociala de velâjo, de quartiér : la disparicion quâsi-totâla de noutres lengoues populères historiques est tot-pariér lo botament ultimo d’iqueli mémo procèssus.

    Presentat entau, vequí que chanja (es pas aquò ?) dau "roman nacional" francés de la victòria "istoricament immancabla" de la "lenga daus Lums" sobre de "dialèctes dau passat, vestigis medievaus" !

    Vequí doncas, an-aquesta començança de 21e sègle, ont n’en sèm.

    O benlèu, puslèu, èrom... Perqué ‘questa terribla reculaa daus tresaurs que son nòstras lengas ISTORICAS (un patrimòni que l'occitanista gascon Dàvid Grosclaude compara, a rason, aus monuments coma Nòstra Dama de París de la quenta tot lo monde s'esmòvon de l'incendi : https://lepeuplebreton.bzh/2019/04/18/notre-dame/) á sigut, chau o dire e o repetir, pas mai que la consequéncia d'una gigantesca despossession daus pòbles de tot poder sobre lhors vidas, prealable a lhor dissolucion dins la "metropòli consumerista"...

    Despossession fàcia a laquenta dempuèi quauques meses, revestit d'un vulgari accessòri d'automobilista, s'es levat un formidable revelh daus pòbles e daus territòris.

    Que sòna benlèu-ben enfin l'ora dau renovèu ; l'ora - a novèu - de nosautres-mesmes... E de nòstras lengas e culturas secularament mespresaas.


    Presentâ d’ense, vê-ce qu’o change (o est pas cen ?) du "roman nacionâl" francês de la victouère "historicament emmancâbla" de la "lengoua de les Lumiéres" sur de "dialèctes du passâ, vèstijos mèdièvals" !

    Vê-ce donc, en iquèt dèbut de 21e sièclo, onte nosôtros nen sens.

    Ou ben pôt-étre, pletout, nosôtros érens... Perquè iqueta tèrribla rèculâ dus trèsors que sont noutres lengoues HISTORIQUES (un patrimouèno que l'occitanisto gascon Dâvid Grosclaude compare, a rêson, ux monuments come Noutra Dama de Paris de la quinta tot lo mondo s'èmout de l'encendie : https://lepeuplebreton.bzh/2019/04/18/notre-dame/) at étâ, o chôt o dére et o rèpètar, pas més que la consèquence d'una g·igantèsca dèpossèssion dus poplos de tot povêr sur lyors vies, prèalâblo a lyor dissolucion diens la "mètropola consumèrista"...

    Dèpossèssion face a laquinta depués quârques mês, revêti d'un vulguèro accèssouèro d'ôtomobilisto, s'est levâ un formidâblo rèvely dus poplos et dus tèrritouèros.

    O que sone pôt-étre-ben enfin l'hora du renovél ; l'hora - a nôvo - de nosôtros-mémos... Et de noutres lengoues et cultures sèculiérement mèprisiês.

     


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